Kafila, quand une caravane renoue avec les routes de la connaissance (Géoparc Jbel Bani)
le géoparc du jbel bani - tata

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Kafila, quand une caravane renoue avec les routes de la connaissance (Géoparc Jbel Bani)

Veste en fourrure polaire, doudoune ou djellaba à capuche, toile épaisse pour le soir, coupe-vent, pantalons de toile légère et ample, éviter les vêtements serrés, survêtement - jogging chaud, casquette, chapeau de soleil, chaussures de trekking…

Kafila emprunte les anciennes routes caravanières qui prenaient souvent comme point de repère les marabouts qui jalonnaient les circuits commerciaux (Ph. Abo)

La liste de l’équipement nécessaire pour une randonnée dans le désert est impressionnante et nous prépare au climat changeant et rude de la région en cette époque hivernale. Nous essayons tant bien que mal d’empiler les vêtements chauds et froids, sans pour autant nous encombrer d’une grosse valise. Réveil à l’aube, direction l’aéroport.

Destination Zagora. Quelque 600 km que nous traversons en près de 3h de vol (sic) après une escale à Ouarzazate. Dès les premiers pas sur le tarmac, une agréable chaleur nous enveloppe, sous un soleil éclatant de lumière, nous faisant oublier notre morosité citadine. Nous traversons le petit, mais néanmoins coquet aéroport de la ville et nous nous dirigeons vers les gros 4X4 qui nous attendent sur le parking. L’aventure «Kafila» peut commencer!

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Une carte illustrant la vallée du Draâ faisant découvrir ses nombreux monuments et sites historiques constitués de kasbah et de sites de gravures rupestres. Cette région a connu depuis plus de sept mille ans une intense activité humaine très riche (Ph. Abo)

Sur le modèle des caravanes d’autrefois, Kafila, qui a démarré le 1er mars pour se poursuivre en 11 étapes, jusqu’au 30 mai,  est un projet culturel et scientifique imaginé par Jean-Pierre Datcharry, guide professionnel et porté par l’Institut français du Maroc en partenariat avec Désert et Montagne Maroc, le Centre Jacques Berque et l’Institut de recherche pour le développement.

Il s’agit comme son nom l’indique d’une caravane de dromadaires, guidée par des professionnels amoureux des vastes espaces qui compte mener des femmes et des hommes sur les chemins allant du Sahara à l’océan. L’idée du projet est tout simplement de réactiver cette fameuse route des caravanes, qui des siècles durant a relié le Sud au Nord.

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Le projet a été initié par Jean-Pierre Datcharry (à gauche), grand connaisseur du désert marocain et amoureux de la culture saharienne (Ph. Abo)

A travers des chemins de migrations ancestrales et des échanges commerciaux, des parcours historiques des savoirs, des cultures et des religions ont également transité par ces contrées.  Au départ de Foum Z’guid, la caravane a pris la route accompagnée des chameliers, guides, chercheurs, scientifiques, écrivains, peintres et quelques voyageurs pour traverser une partie du désert de dunes du Maroc jusqu’à Sidi Naji, puis remonter la vallée du Drâa, poursuivre  via Tamgroute jusqu’à Ouarzazate. Elle franchira l’Atlas pour atteindre Marrakech et la place Jemaa El Fna où elle s’attardera pour quelques jours de halte.

La caravane reprendra la route des marabouts au pied de l’Atlas jusqu’à Essaouira, l’ancien Mogador et premier port maritime marchand de l’histoire du Royaume. Et c’est justement vers Foum Zguid que se dirigent nos véhicules, laissant la ville de Zagora de côté pour traverser une immense plaine rocailleuse sur plus de 130 km.

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Installation sommaire mais écologique pour ces toilettes sèches qui font de vos moments intimes un instant de poésie (Ph. Abo)

Une étendue de « Reg » à flan de montagnes aux crêtes rocheuses, un paysage quasi minéral où les marques de toutes les érosions du temps se superposent, comme autant de pages racontant l’histoire de cette terre qui ne fut pas toujours aride.

Au bout de 2h de route, la piste se rétrécit et au détour de quelques virages apparaissent les premières palmeraies et les quelques «fedanes» ou jardins potagers que les habitants de Foum Zguid cultivent à l’ancienne.  La petite commune urbaine de quelque 10.000 habitants, fut naguère une étape pour le rallye Paris-Dakar, avant que ce dernier ne migre vers l’Amérique du Sud de 2009 à 2019, puis en Arabie Saoudite à partir de cette année.

Aujourd’hui la localité sert essentiellement de lieu de transit vers les dunes de  Chegaga de M’Hamid el Ghizlane, les plus belles du désert marocain. Elle est surtout le  point d’entrée du géoparc du Jebel Bani, point de passage essentiel pour les amoureux du trekking, de l’astronomie, de la géologie (minéraux) et de l’archéologie (peintures rupestres).

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Un réveil magique dans la plaine aride d’Amsailik, où la majesté du paysage n’a d’égale que l’intensité du silence (Ph. Abo)

Dans la zone sud, on retrouve le Parc National d’Iriki qui se situe entre le fleuve Draa et les contreforts du sud de l’Anti-Atlas à proximité de la frontière algérienne. Ce lac est de nos jours le plus souvent asséché, mais abrite encore une faune variée: gazelles, mouflons à manchettes, hyènes et de nombreux reptiles comme des lézards, des varans, des caméléons, des geckos et plusieurs serpents. Il est question de réintroduire certaines espèces rares disparues de la faune saharienne telle l’autruche à cou rouge.

Nous comprenons que nos doudounes, polaires et autres djellabas à capuche resteront au fond de nos sacs

Si la ville, en elle-même, offre peu d’intérêt, un certains nombre d’installations hôtelières et de maisons d’hôtes dotées de tout le confort, servent de point de départ pour les amoureux de trekking et de grands espaces. Nous nous installons dans l’une d’elle, «Bab Rimal», à 5 km de la ville, au milieu de la palmeraie.

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La première étape a été l’occasion d’admirer de plus près et d’une manière savante, le magnifique ciel étoilé qu’offre le désert. Une belle lecture du ciel commentée par Youness Jamjar. Ici photo de la lune telle que vue à l’aide du télescope mis à disposition des caravaniers (Ph. Abo)

En fin d’après midi, l’air est toujours aussi chaud. Nous comprenons que nos doudounes, polaires et autres djellabas à capuche resteront au fond de nos sacs. La météo a décidé d’être des plus clémentes. Mais dans ces contrées rien n’est jamais acquis, nous expliquera Jean-Pierre Datcharry. Il arrive que les nuits soient glaciales en mai ou en juin, alors qu’elles ont été douces durant l’hiver.

Quoi qu’il en soit, nous étions heureux de la clémence du ciel et de profiter de la douce brise qui venait atténuer la chaleur de la journée. D’autant plus qu’à quelques kilomètres de là se préparait la première manifestation de cette épopée transsaharienne. Nous reprenons nos gros SUV traversons la ville, pour retrouver les grands espaces que le soleil couchant habillait d’une belle couleur orangée.

Presque au milieu de nulle part, une scène est installée. Des jeunes musiciens font leurs balances. Il s’agit du groupe Vala Wind, tout droit arrivé de Taroudant. Dakka roudania, malhoune, reggae, rock, jazz… Une belle addition aux sonorités authentiques et modernes à la fois. Le concert est prévu à 18h, mais une heure plus tard, les chaises alignées face à la scène dans cette immensité imposante restent désespérément vides.

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Un terrain de football qui semble au milieu de nulle part, rappelle la scène du film Timbuktu de Abderrahmane Sissako, sorti en 2014 (Ph. Abo)

Les habitants seraient-ils farouches?  Désintéressés? Première leçon retenue par Kafila: s’adapter aux us et coutumes locales. Pour les habitants de la région, sédentaires et nomades,  il était tout simplement trop tôt ! Ce n’est qu’après 20h et la prière du Maghreb, que les premiers spectateurs ont pointé leurs nez. Au fur et à mesure jeunes, enfants, hommes et femmes affluent. Que la fête commence!

Le lendemain, c’est à pied ou à dos de dromadaire que la caravane s’élance. Direction Sidi Naji pour quelque 6 heures de marche au milieu d’une savane d’acacias majestueux, parsemant le paysage d’une verticalité compromise par les vents qui font incliner les arbres vers la même direction: Le sud.

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D’une richesse absolue, la région regorge de sites d’intérêts, pas toujours conservés malheureusement. Ici la casbah de Foum Zguid, datant, selon notre guide, du XVIIIe siècle a été complètement abandonnée et tombe en ruine (Ph. Abo)

Le sol caillouteux, jonché de pierres brunes fait naître nombre de fantasmes. Ne sommes-nous pas dans l’un des gisements les plus importants de météorites au monde? Quelques unes de ses pierres tombées du ciel peuvent valoir  leur pesant d’or. Têtes courbées, les marcheurs s’élancent dans une joyeuse chasse aux trésors, tempérée tout de même par la présence parmi nous d’une éminente spécialiste.

La Pr Hasnaa Chenaoui, géochimiste et première scientifique marocaine dans le domaine des météorites et de la planétologie, professeur à l’Université Hassan II de Casablanca et directrice du laboratoire GAIA, se fera un plaisir à nous donner quelques rudiments nous permettant de faire la différence entre un vulgaire caillou terrestre et une véritable météorite.

Heureux mais bredouille, nous arriverons au campement à la fin de l’après midi, pour prendre nos quartiers dans la plaine aride d’Amsailik. L’occasion de faire plus ample connaissance avec les artistes accompagnant la caravane. Ces derniers, bédeistes, musiciens, chorégraphes ou capteurs de son, auront pour mission de retranscrire, dans une œuvre de leur choix, leur ressenti et leur vécu lors de cette traversée.

L’occasion également d’admirer de plus près et d’une manière savante, le magnifique ciel étoilé qu’offre le désert. Une belle lecture du ciel commentée par Youness Jamjari. Quant à Hasnaa Chenaoui, elle nous exposera une passionnante histoire de l’univers à travers ces pierres mystérieuses que sont les météorites. A suivre…

Amine Boushaba

Avis aux amateurs

Kafila offre un parcours de 3 mois à travers les paysages du Maroc et à la rencontre de l’histoire et des populations. Le public est invité à rejoindre l’épopée   en s’inscrivant à l’une des étapes où pour quelques jours sur le site: www.kafila.desert-montagne.ma

• Étape 1: Foum Zguid - Sidi Naji. Le grand désert

Date: 1/03 au 19/03. Durée: 19 Jours. Difficulté: facile

Points forts: Jbel M’douar, dunes de Chegaga et le marabout Sidi Naji.

• Étape 2: Sidi Naji – Tamgrout. Les anciennes citées du désert

Date: 14/03 au 30/03. Durée: 17 Jours. Difficulté: 3 étoiles. Points forts: Anciennes citées du désert, plaines sableuses et fouilles archéologiques

• Étape 3: Tamgrout – Tamnougalt. Vallée du Drâa et gravures rupestres

Date: 26/03 au 11/04. Durée: 17 Jours

Points forts: Ouad Drâa, gravures rupestres et conférence autour de Charles de Foucauld

• Étape 4: Tamnougalt – Ouarzazate. L’eau source de vie

Date: 08/04 au 19/04. Durée: 12 Jours

Points forts: Haut Drâa, lac de Ouarzazate, Ouarzazate, carrefour des caravanes

• Étape 5: Ouarzazate – Telouet. Paysages habités des contreforts de l’Atlas.

Date: 17/04 au 28/04. Durée: 12 Jours. Difficulté: facile. Points forts: Ksar Ait Ben Haddou, vallée de l’Ounila, Haut Atlas

• Étape 6: Telouet – Marrakech. Route historique des caravanes du Haut Atlas.

Date: 25/04 au 05/05. Durée: 14 Jours. Difficulté: facile. Points forts: Haut Atlas, kasbah Telouet

• Étape 7: Marrakech.

Date: 6/05 au 12/05. Durée: 7 Jours. Difficulté: facile

• Étape 8: Marrakech – Tameslouht. Halte caravanière et spiritualité

Date: 10/05 au 15/05. Durée: 6 Jours. Difficulté: facile

Points forts: Village de Tamsloht et sa zaouia, ses musiciens Gnaouas

• Étape 9: Tamslouht – Chichaoua. La route des marabouts 1

Date: 13/05 au 20/05. Durée: 10 Jours. Difficulté: facile

Points forts: Tamsloht, sud Chichaoua

• Étape 10: Chichaoua - Sidi Kaouky. La route des marabouts 2

Date: 19/05 au 28/05. Durée: 10 Jours. Difficulté: facile

Points forts: La route des marabouts, Sidi Kaouki

• Étape 11: Sidi Kaouky – Essaouira. Du rivage aux réjouissances

Date: 27/05 au 29/05. Durée: 3 Jours. Difficulté: facile

Points forts: Sidi Kaouki, Essaouira

• Étape 12: Essaouira. Mogador

Date: 26/05 au 31/05. Durée: 6 Jours. Difficulté: facile

Points forts: Essaouira.

Le 10/03/2020

Source web Par: leconomiste

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