Flore et groupements végétaux du sud-ouest marocain (Géoparc Jbel Bani)
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Flore et groupements végétaux du sud-ouest marocain (Géoparc Jbel Bani)

Le site présente les plantes vasculaires du sud-ouest du Maroc où depuis 1971, d'abord dans le cadre d'une thèse (Jean-Paul Peltier, 1982) et ensuite dans le cadre d'encadrement de travaux de recherches (Ahmed El Aboudi, 1990 et 2000; Fouad Msanda 1993 et 2004) de très nombreuses missions ont été effectuées. Pour connaître plus précisément le territoire concerné on se reportera à la rubrique « divisions géographiques du Maroc ». Dans Teline on trouvera aussi des photos de taxons, souvent endémiques, d'autres territoires phytogéographiques du Maroc qui nous ont été envoyées par différents contributeurs.

Le sud-ouest du Maroc est considéré comme une zone de refuge au sein du hospot méditerranéen. Cette aire géographique où viennent se rencontrer des éléments phytogéographiques variés représente un carrefour biogéographie qui possède une exceptionnelle diversité (espèces, individus et milieux). Plus particulièrement, la région tire son originalité de la présence de lignées végétales anciennes d’origine tertiaire exigeantes en température (espèces mégathermes) du fait de températures particulièrement clémentes.

Les espèces actuelles de souche tropicale sont surtout xérophiles, représentées par quelques arbres, arganier, gommier, dragonnier et aussi des espèces cactoïdes et crassulescentes : Euphorbia, Kleinia, Aeonium, Periploca, Drusa, Andrachne, Kalanchoe, Apteranthes, Orbea, Astydamia, Warionia, etc. Les éléments succulents rappellent du point de vue physionomique les paysages des Canaries d’où le nom de secteur macaronésien marocain qui pendant longtemps a été donné à la région de l’arganier. En fait, le secteur appartient bien encore à la région méditerranéenne nord-africaine (Médail & Quézel, 1999).

Seul le Laurier des Açores, qui se trouve à l’état hautement relictuel aux jbels Imzi et Adad Medni du Kerdous, est considéré comme une espèce mégatherme mésophile. Actuellement, son statut est considéré comme équivoque, car les données récentes soutiennent l'existence d'une seule espèce de Laurus : Laurus nobilis (Rodriguez-Sanchez et al., 2009).

Le secteur abrite aussi de nombreuses endémiques qui s’incluent à peu près toutes dans des lignées méditerranéennes. Par exemple, on peut y trouver six des trente deux genres endémiques que renferme le Maghreb : Hesperolaburnum, Sclerosciadium, Hannonia, Traganopsis, Argania et Trachystoma.

L’arganier est le groupe-frère de Sideroxylon mascatense, présent de la corne de l'Afrique (Ehiopie) au sud-ouest de l'Asie (Pakistan). Il en résulte une origine est-africaine de l’arganier et une migration vers l’ouest au Paléogène (Swenson & Anderberg, 2005 - Smedmark et al., 2006 - Smedmark & Anderberg, 2007). Les auteurs proposent aussi de revenir à Sideroxylon spinosa. L’histoire de l’arganier commence à être mieux connue : son ancêtre était largement répandu en Afrique du Nord au milieu du Miocène et a commencé à se diversifier vers 17 MA en relation avec l'aridification croissante de l'Afrique (Mairal et al., 2017). En revanche, l'absence de fossiles, empêche toujours de connaître la date d’apparition de l’arganier dans le sud-ouest du Maroc.

L'arganier [Argania spinosa (L.) Skeels] est l’arbre clef de voûte de la région. Cette Sapotaceae - la seule présente au Maroc - à la fois forestière, fruitière et fourragère est le pivot d’un système agraire traditionnel et joue un rôle irremplaçable dans l’équilibre écologique de la région.

L'arganier couvre actuellement une superficie d'environ 800 000 hectares. Il se localise essentiellement dans le sud-ouest du Maroc, le long du littoral océanique, depuis l'embouchure de l'oued Tensift au nord, jusqu'à l'embouchure de l'oued Drâa au sud. L'arganier se développe aussi dans la plaine du Souss, sur le versant sud du Haut Atlas occidental et sur les versants septentrionaux et méridionaux de l'Anti-Atlas occidental jusqu'à des altitudes de 1 300-1 500 m. Deux petites stations sont signalées dans la haute vallée de l'oued Grou au sud-est de Rabat et dans le piémont nord-ouest des Béni-Snassen, près d'Oujda. Ces deux stations, très isolées, résulteraient d'une dispersion assez récente, probablement par l'homme. Enfin, au Sahara, l'arganier atteint la Hamada de Tindouf où il se localise le long des berges des oueds et trouve les compensations hydriques nécessaires.

L'arganier est un arbre thermophile et xérophile, de bioclimat aride chaud et tempéré (le long du littoral et dans les plaines), à semi-aride chaud et tempéré (flancs du Haut Atlas et de l'Anti-Atlas), voire saharien plus au sud. Les précipitations annuelles sont comprises entre 250 et 400 mm de Safi à Agadir. De la plaine du Souss jusqu'à l'Anti-Atlas, les précipitations annuelles varient de 250 à 150 mm. Plus au sud, dans les zones à caractère désertique, elles sont souvent largement inférieures à 100 mm. Dans ces conditions, l'arganier ne se localise plus que le long des cours d'eau temporaires où il utilise les eaux de ruissellement.

Depuis quelques décennies, la désertification est le principal problème environnemental de la région. Pour enrayer et inverser le processus de dégradation croissante de l'arganeraie, un certain nombre de projets ont été envisagés ou réalisés. Tous ont pour but de favoriser les retombées économiques au niveau local. La principale difficulté est de construire un modèle de gestion qui définisse des objectifs partagés entre tous les acteurs sociaux.

La nomenclature scientifique est empruntée aux travaux les plus récents les synonymes les plus connus sont également indiqués.

Les noms scientifiques des familles sont ceux retenus par l'Angiosperm Phylogeny Group (APG IV, 2016: An update of the Angiosperm Phylogeny Group classification for the orders and families of flowering plants: Botanical Journal of the Linnean Society. Paper complied by James W. Byng et al.

Les photos sont éventuellement accompagnées d'un commentaire d'ordre taxinomique, écologique ou biogéographique.

Le but de ce site est simplement de faire connaître les espèces végétales de la région - dont beaucoup d’endémiques à forte valeur patrimoniale - avant que les activités humaines ne les fassent complètement disparaître.

Jean-Paul Peltier

Le 18 août 2019

Source web par : teline

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