


Les ravages de la chenille processionnaire sur le cèdre: vers un remède «naturel »?
Plusieurs facteurs font pression sur les cédraies, entraînant la réduction des surfaces forestières, la dégradation de la biodiversité et le phénomène de dépérissement du cèdre de l’Atlas. La chenille processionnaire est un « ravageur » qui contribue à affaiblir la santé de la cédraie. Une solution « naturelle » à ce fléau est-elle possible?
C’est une petite chenille, mais aussi petite qu’elle est, elle menace la santé d’une cédraie multimillénaire. Son nom est: chenille processionnaire.
Le dépérissement des cédraies dans le Moyen Atlas n’est pas un phénomène nouveau. Il s’agit d’un phénomène complexe dont les causes sont parfois très diversifiées, difficiles à identifier tant qu’à hiérarchiser.
De nombreux facteurs participent activement à la dégradation des forêts marocaines, et plus particulièrement les cédraies. La pression anthropique (exercée par l’Homme) est sans doute la plus dévastatrice. Parmi ces facteurs, les insectes « ravageurs » peuvent également intervenir dans le processus du dépérissement.
Soit comme facteur prédisposant (phyllophages qui se nourrissent des aiguilles et de la sève) ou déclenchant (phyllophages et xylophages) ou encore aggravant (xylophages qui attaquent).
Les insectes interviennent donc toujours à un moment ou à un autre de l’évolution de ce phénomène.
Trois classes d’insectes se distinguent :
- Des phyllophages qui se nourrissent des aiguilles et de la sève du cèdre: des lépidoptères (chenilles processionnaires, Bombyx), des coléoptères des hémiptères (cochenilles), et des homoptères (pucerons) se rencontrent parmi cette classe.
- Des xylophages dont des coléoptères (scolytes, longicornes…) qui constituent l’essentiel des insectes attaquant le bois du cèdre.
- Certains insectes, comme les lépidoptères (pyrales), et les diptères qui « apprécient » les cônes et graines de l’arbre.
Callidium cedri
Scolytus numidicus
Les chenilles processionnaires qui peuvent s’attaquer au cèdre sont Thaumetopoea bonjeani Powell, et Thaumetopoea pityocampa Schiff. Toutes peuvent pulluler sur l’ensemble de l’arbre indépendamment de son âge et de son emplacement, en s’attaquant soit au nouveau feuillage soit à l’ancien.
En conséquence, les cèdres peuvent être totalement défeuillés par ces ravageurs phytophages ce qui conduit à leur affaiblissement et les prédispose aux attaques des insectes ravageurs xylophages.
La larve processionnaire (Thaumetopoea) est une catastrophe et fait des ravages sur le cèdre de l’Atlas et le Pin Maritime.
Mais d’où vient cette chenille? Après des études de terrain de notre groupe de chercheurs, nous avons pu constater que ce ravageur est très probablement apparu à cause de l’introduction du pin dans la cédraie.
Depuis le siècle dernier, les forestiers ont cherché et testé beaucoup de traitements pour l’éliminer de notre paysage. Ils ont commencé par des traitements chimiques. Après un certain temps, Ils en partenariat avec les scientifiques ont enregistré des impacts graves sur les conifères ainsi que sur la faune et la micro faune. Il fallait donc chercher une autre méthode.
La méthode actuellement utilisée pour combattre cette chenille est la lutte microbiologique.
Menée depuis le sol, elle peut cependant voir son efficacité limitée par des contraintes liées à la matière active ou à ses moyens d’épandages.
La matière utilisée est appelée Bacille de Thuringe, Le Bacillus thuringiensis ssp. Kurstaki, couramment désigné par son acronyme BTK. C’est une bactérie qui vit naturellement dans le sol. Depuis une trentaine d’années, les forestiers l’utilisent partout dans le monde comme agent de lutte biologique pour réprimer les populations de divers insectes ravageurs forestiers et agricoles.
Cette bactérie est considérée comme non toxique pour les hommes et les mammifères. Les traitements ont lieu à l’automne afin de ménager d’autres insectes utiles, de nombreux papillons n’étant plus au stade larvaire. La Bacille de Thuringe agit sur le système digestif des chenilles lorsqu’elles ingèrent la matière active en même temps que les aiguilles de pin.
La durée de persistances du Bacile appliqué dans de bonnes conditions, est de l’ordre de 8 à 10 jours.
Son efficacité dans la limitation des populations de processionnaires est donc conditionnée à son ingestion par les chenilles dans ce laps de temps.
Cependant, ce traitement de la chenille processionnaire a des limitations. Le traitement réalisé trop tardivement limitera moins les préjudices fait aux végétaux et les risques en termes de santé publique ou animale.
« Ligne de chenilles processionnaires »
Un traitement « par la Nature » est t-il possible ?
La seule voie qui prend en même temps la protection de la biodiversité et l’élimination de la chenille processionnaire, est la lutte biologique par prédation : Cette lutte écologique consiste à encourager la régulation naturelle d’une espèce par ses prédateurs.
Ce prédateur local doit remplir des critères, en respectant l’équilibre écologique. Cette introduction ne doit pas avoir d’effets sur les autres espèces.
Une équipe de chercheurs de l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès travaille actuellement sur un traitement de ce genre. L’objectif recherché est de limiter les processionnaires. L’idée est de favoriser la nidification d’un oiseau local en implantant des nichoirs spécifiques, afin d’en accroître la population et la pression de prédation exercée sur les chenilles.
Cet oiseau local devrait être insensible aux poils urticants de la chenille. La pose de nichoirs doit se faire avant la période de nidification (début du printemps) et respecter certains critères afin d’inciter ces « prédateurs de la chenille » de s’y installer : hauteur, orientation, protection vis-à-vis de ses propres prédateurs sont autant de paramètres sur lesquels planche cette équipe. Si la solution « naturelle » réussie, ce serait une première de son genre.
Publié le 17 avril 2017
Source Web: Ecologie
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