La pluie d’étoiles filantes des Bêta Taurides pourrait cacher de grosses météorites
La Terre passera dans quelques jours au plus près, depuis plus de 40 ans, du centre de l'essaim des Bêta Taurides. Pour des astronomes, ce sera l'occasion de vérifier s'il n'y a pas de gros morceaux qui se cachent en son sein, par exemple des fragments d'une comète qui pourraient entrer en collision avec la Terre, comme l'avance une théorie.
Bientôt, du 5 juin jusqu'aux alentours du 18 juillet, la Terre coupera la route d'un courant de débris laissés par les passages de la comète 2P/Encke. La pluie d'étoiles filantes associée, nommée Bêta Taurides, n'est certes pas aussi célèbre et spectaculaire que les Perséides (dont le pic d'activité est le 12-13 août) mais elle intéresse tout particulièrement des astronomes soucieux de vérifier si une branche de cet essaim météoritique ne cacherait pas en son sein un ou plusieurs gros morceaux de comètes, comme cela est suspecté depuis plusieurs décennies.
C'est notamment l'évènement de Tungunska du 30 juin 1908 qui leur a mis la puce à l'oreille. En effet, l'objet qui a explosé dans le ciel de Sibérie a libéré une énergie équivalente à 1.000 fois celle de la bombe d'Hiroshima -- l'onde de choc avait couché tous les arbres de cette région dans un rayon de 100 kilomètres. Son analyse a montré une trajectoire qui correspondait à celle du flux de poussière des Bêta Taurides.
Aussi, des chercheurs, qui s'interrogent sur la véritable identité de cet intrus, avaient spéculé qu'il pouvait être un fragment de la comète Encke, la même qui alimente et la pluie d'étoiles filantes des Bêta Taurides en été, et celle des Taurides en automne. D'ailleurs, à ce propos, 2P/Encke -- qui sera de retour dans un an : périhélie le 26 juin 2020 -- ne serait elle-même qu'un (petit) morceau d'une comète géante -- environ 100 kilomètres de diamètre -- qui se serait brisée dans le Système solaire interne il y a entre 10 et 20.000 ans.
Le 30 juin 1908, la région de Tungunska en Russie fut dévastée par l'onde de choc d'une explosion survenue dans l'atmosphère. Était-ce une météorite ? Un débris de comète ? © DP
Un essaim météoritique sous l’influence gravitationnelle de Jupiter
Autres faits intrigants qui pourraient aussi être liés à ce courant des Bêta Taurides et corroborer son existence : une augmentation significative des impacts de météorites sur la Lune enregistrés en 1975 par les sismomètres des missions Apollo, comme le prévoit l'hypothèse baptisée « Taurid Resonant Swarm » -- que l'on pourrait traduire par « nuée de Taurides en résonance ». Celle-ci considère que les débris (la plupart ne sont pas plus gros qu'un grain de sable) continuent de rester groupés sous l'influence de Jupiter, au lieu de se disperser.
Ainsi, lorsque la Terre passe au plus près du centre de ce complexe, comme cette année d'ailleurs (au plus près depuis 1975), les collisions avec ces poussières seraient plus fréquentes avec un risque plus élevé que des morceaux de quelques centimètres -- cela offre de beaux bolides à voir ! --, voire de plusieurs mètres s'embrasent (ou explosent) dans l'atmosphère. Comme cela a été observé en 2015, ce qui renforce cette théorie.
Alors, faut-il s'inquiéter ? Y a-t-il d'autres gros débris qui pourraient traîner dans le sillage d’Encke et menacer la Terre ? On ne peut évidemment pas l'exclure. Le temps est venu donc pour les astronomes de confirmer ou d'infirmer cette conjecture en scrutant l'essaim cet été. Effectivement, d'après des modélisations, le moment le plus opportun pour le surveiller, et donc repérer un éventuel (gros) morceau, serait entre le 5 et le 11 juillet puis, entre le 21 juillet et le 10 août, cette dernière fenêtre étant la plus favorable pour les observateurs de l'hémisphère nord.
Mais la tâche ne sera pas facile car même si ces fragments sont de grande taille, ce ne seront que des points lumineux très faibles pour les plus grands télescopes. En outre, vu de la Terre, la proximité de l'essaim avec le Soleil sera gênante. Nous en saurons plus à la fin de l'été.
Source web Par futura sciences
Les articles en relation
Le Système solaire au cœur d'un ouragan de matière noire ? Ah bon ?
Le Système solaire au cœur d'un ouragan de matière noire ? Ah bon ? Les raisons de croire à l’existence de la matière noire sont plus solides que jamais. Mais ce n’est pas une raison
Savoir plus...Dix-huit exoplanètes de la taille de la Terre découvertes
Dix-huit exoplanètes de la taille de la Terre découvertes La plupart des exoplanètes découvertes par les astronomes sont des planètes géantes. Ce sont les plus faciles à identifier. M
Savoir plus...Aidez la Nasa à nommer cet étonnant astéroïde
Aidez la Nasa à nommer cet étonnant astéroïde Aux confins du Système solaire, à plus de 6,5 milliards de kilomètres de la Terre, l'énigmatique 2014 MU69 attend son surnom. La
Savoir plus...Lancement officiel au Maroc du label «Charme & Caractère»
Lancement officiel au Maroc du label «Charme & Caractère» Les deux rovers sautillants Minerva-II-1 ont entamé leur exploration de la surface de Ryugu. Ils nous livrent une première série d&
Savoir plus...Un astéroïde a explosé dans le ciel d’Afrique
Un astéroïde a explosé dans le ciel d’Afrique Découvert le 2 juin, l'astéroïde 2018 L’était sur une trajectoire de collision avec la Terre. Ce qui n'a pas manqué
Savoir plus...La planète Mercure devant le soleil ce lundi : un événement rare
La planète Mercure devant le soleil ce lundi : un événement rare La plus petite planète de notre système solaire sera visible de la Terre dans l’après-midi. Un événement q
Savoir plus...Le supercalculateur de l'ISS se dote de capacités inédites
Le supercalculateur de l'ISS se dote de capacités inédites Malgré le scepticisme de certains, le supercalculateur à bord de l’ISS fonctionne. Et même très bien, malgré les con
Savoir plus...Les éclipses de Soleil ont permis de grandes découvertes scientifiques
Les éclipses de Soleil ont permis de grandes découvertes scientifiques Depuis plus de 2.000 ans, les éclipses de Soleil ont permis des bonds de géant en astronomie. Par des méthodes astucieuses, des
Savoir plus...