La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Rapport 2019
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La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Rapport 2019

Jean-Pierre Van Staëvel, Abdallah Fili, Ahmed S. Ettahiri, Mohamed Belatiq, Pierre Wech, Chloé Capel et Nicolas Minvielle-Larousse

Créée en 2009, la mission archéologique franco-marocaine à Igiliz est placée sous la responsabilité scientifique d’Abdallah Fili (Professeur à l’Université Chouaïb Doukkali, El Jadida ; UMR 5648, Lyon), Ahmad S. Ettahiri (Professeur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine ; directeur-adjoint de l’INSAP, Rabat), et Jean-Pierre Van Staëvel (Professeur à l’Université Paris-Sorbonne, puis à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne à compter de la rentrée universitaire 2018-2019 ; directeur de l’équipe « Islam médiéval », UMR 8167, Paris). Le programme de recherches qu’elle développe, intitulé “La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen”, s’attache à restituer, sur ce site exceptionnel de la partie nord de l’Anti-Atlas central, tout à la fois pôle de dévotion, lieu de rassemblement tribal, nid d’aigle et refuge d’une communauté charismatique menée par un chef religieux berbère, la vie d’une société de montagne, composée de dévots, de paysans et de guerriers, loin des grands centres urbains et des capitales d’empire. Epicentre initial de la révolution almohade au début des années 1120, Igiliz offre par ailleurs un point d’ancrage particulièrement pertinent pour amorcer une étude historique et archéologique de l’évolution des campagnes du Maghreb présaharien durant l’époque médiévale et au-delà, tant notre connaissance de l’histoire de la région – et plus largement de l’ensemble du Sud marocain – demeure des plus réduites, faute de travaux archéologiques en nombre suffisant.

La mission bénéficie du soutien financier du ministère de l’Europe et des Affaire étrangères, de la Casa de Velázquez, de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, du CNRS et de l’UMR 8167 Orient & Méditerranée, ainsi que du Labex RESMED. Un fort partenariat scientifique lie par ailleurs la mission à l’Université Chouaïb Doukkali d’El Jadida, la Direction du Patrimoine culturel (Ministère de la Culture, Royaume du Maroc), l’INRAP, l’UMR 7209 Archéozoologie, archéobotanique et le Centre Jacques-Berque à Rabat.  Depuis le début du programme, les travaux de terrain se sont déroulés, à raison d’une campagne de fouille d’un mois par an, au printemps. En avril 2019, l’équipe séjournait donc sur le site pour la onzième fois.

Ce résumé rend compte des activités de la mission archéologique durant l’année universitaire 2018-2019. Y seront successivement évoquées les fouilles de la campagne du printemps 2019, les études de mobilier, les opérations de restauration et de valorisation patrimoniale et touristique en cours, la diffusion scientifique enfin.

La campagne de fouilles printemps 2019

Composition de l’équipe

La mission a réuni, du 30 mars au 30 avril 2019, 14 enseignants-chercheurs et/ou archéologues marocains et français, membres statutaires rattachés à des organismes de recherche et d’enseignement supérieur en France et au Maroc ou archéologues contractuels, pour des durées variables allant de deux semaines à la totalité de la campagne. Fidèle à ses objectifs prioritaires de formation, la mission a en outre accueilli et encadré 7 étudiants marocains (dont 4 doctorants) et 3 étudiants français (dont 1 doctorante), portant la mission à un total de 24 membres.

Objectifs de la campagne de printemps

Comme cela avait déjà été le cas en 2018, la campagne de fouilles de cette année avait pour but de poursuivre les travaux engagés sur l’acropole d’Igiliz dans deux secteurs-clés du site (fig. 1) : les abords de la cellule d’ermite découverte l’année dernière, près de la grotte occidentale (ancienne “grotte 2”) ; et le secteur dit rituel, où se concentrent les traces des agapes tribales d’époque médiévale, à l’ouest et au sud de la grande-mosquée.

Ces travaux devaient permettre d’acquérir des compléments d’information sur les activités rituelles ou profanes ayant eu pour cadre cette partie du site, afin d’alimenter la monographie en cours d’achèvement (grotte occidentale et ensemble érémitique) et le second volume en préparation (secteur rituel et secteur d’habitat en contrebas).

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Fig. 1 - Localisation des secteurs fouillés en 2019.Fig. 1 – Localisation des secteurs fouillés en 2019.

Principaux résultats de la campagne de fouille

De la cellule à l’ensemble érémitique : le secteur de la grotte occidentale

La fouille dans le secteur de la grotte occidentale (resp. Nicolas Minvielle-Larousse, Jean-Pierre Van Staëvel) s’inscrivait dans la droite ligne des travaux de l’année dernière, qui avaient mené à la découverte d’une cellule d’ermite dans le voisinage immédiat de la grande cavité qui avait jusqu’alors retenu l’attention des archéologues. Le résumé des activités de l’année dernière a été largement consacré à cette découverte exceptionnelle, qui vient documenter pour la première fois une pratique pieuse bien connue par les textes médiévaux, et corroborer des hypothèses formulées dès le début de la fouille en partant des rares indices fournis par les sources almohades. La fouille de ce secteur apparaissait donc prioritaire. Il était en effet crucial de poursuivre les travaux au niveau de structures maçonnées qui étaient apparues dans la partie méridionale du sondage (fig. 2), mais qui avaient été laissées de côté, faute de temps. Deux murs formant un angle droit avaient en effet été mis au jour juste au sud de la cellule d’ermite (dorénavant : “cellule A”). Il nous avait semblé pouvoir identifier ici, à première vue, les vestiges d’une ancienne maison, dont on avait pourtant bien du mal à saisir les conditions d’implantation dans la topographie ambiante, tant elle paraissait déjà enterrée par rapport aux bâtiments environnants. Rien ne nous préparait donc a priori à ce que nous a révélé la fouille de cette année.

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Fig. 2 - Structures maçonnées apparues à la fin de la fouille en 2018 au sud de la cellule érémitique A.Fig. 2 – Structures maçonnées apparues à la fin de la fouille en 2018 au sud de la cellule érémitique A.

Le dégagement de ces structures ennoyées dans de puissants déblais nous a amenés progressivement à élargir l’emprise de la fouille pour circonscrire au final les limites d’une grande fosse creusée dans la couche supérieure du substrat. Dans sa partie méridionale, le creusement se poursuit en sape sous une grande dalle calcaire quasi horizontale, formant plusieurs excroissances souterraines. L’espace troglodytique partiellement couvert par cette voûte très déprimée de 3,5 m de diamètre au sol est apparu à la fouille subdivisé en deux espaces par les structures maçonnées qui avaient été mises au jour en 2018. Celles-ci ne délimitent donc point une maison, mais deux espaces semi-rupestres de dimensions réduites, que l’on a interprété une nouvelle fois comme des cellules d’ermite (“cellule B” au sud-ouest, “cellule C” au sud-est ; fig. 3).

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Fig. 3 - Vue des deux cellules érémitiques B et C dégagées en 2019.Fig. 3 – Vue des deux cellules érémitiques B et C dégagées en 2019.

La cellule B occupe le quart sud-ouest de la fosse. Longue de 3 m pour 1,80 m de large, elle offre une hauteur maximale sous plafond de 1,6 m. De forme semi-circulaire, aujourd’hui couverte partiellement par le plafond rocheux, elle semble être restée ouverte sur toute sa partie nord dans son premier état, avant que le mur médian ne vienne la subdiviser en deux espaces mitoyens, donnant naissance à la cellule C. Partiellement couverte par la voûte rocheuse, celle-ci occupe le quart sud-est de la fosse, formant un espace de 2,5 m de long pour une largeur de 1,5 m, et une hauteur maximale sous plafond de 1,2 m. Entièrement clos, l’espace n’était accessible qu’au moyen d’une étroite ouverture ovoïde percée dans le plafond rocheux. Contrairement à la cellule A fouillée l’année dernière, qui avait livré de nombreuses traces (foyers, mobilier céramique, résidus fauniques) témoignant d’une occupation longue et soutenue, les deux espaces exhumés cette année sont extrêmement avares en indices de vie domestique. Ils apparaissent de même très largement dénués de toute idée de confort : la cellule B est simplement dotée d’une banquette en forme de L et d’un sol de mortier maigre ; sa voisine reprend pour partie ce sol. Leur vocation érémitique semble néanmoins ne laisser aucun doute ; l’examen archéologique des structures permet d’invalider de manière certaine une hypothétique fonction de stockage du type silo. La question de l’identification de la cellule A avec une structure d’ermitage a déjà été étayée dans le résumé des activités pour l’année 2018 : très clairement, les cellules B et C s’inscrivent dans le même contexte culturel et la même praxis, même si elles présentent de notables différences quant à leur mode d’utilisation. Les caractères troglodytique, exigu et reclus des espaces considérés, notamment dans le second état, leur donnent une singularité certaine, qui permet de les assimiler sans doute – et très certainement pour la cellule C – à des lieux de retraite de type khalwa, dans lequel le dévot pouvait se retirer durant une période de temps donnée ; le mode d’accès par le plafond pour l’une d’entre elles renforce encore cette hypothèse.

Une fouille stratigraphique minutieuse a permis de reconstituer la chronologie relative du creusement des différentes cellules A, B et C (fig. 4). Un ensemble érémitique de deux cellules (B et C) est ensuite comblé et nivelé de manière à laisser place à la cellule semi-rupestre A. Les éléments de chronologie absolue que celle-ci a fourni (trois datations au radiocarbone), ainsi que le mobilier associé à son comblement, ramènent sa période de fonctionnement au XIIe siècle et vraisemblablement également au siècle suivant ; les cellules B et C pourraient donc avoir été occupées soit durant le XIe siècle, soit durant la première moitié du XIIe siècle, et être ainsi contemporaines des débuts du mouvement almohade. De manière plus générale, l’examen de toutes les données accumulées depuis l’exploration de la grotte occidentale en 2010 et leur croisement prudent et raisonné avec les informations tirées des textes autorisent aujourd’hui l’élaboration d’un scénario d’ensemble qui permet de suivre l’implantation des premières cellules d’ermite jusqu’à la constitution d’un pôle de dévotion, confirmant ainsi l’aménagement sur l’acropole d’Igiliz, vraisemblablement sous l’égide du pouvoir califal almohade dans la seconde moitié du XIIe siècle, d’un lieu de mémoire centré sur la « grotte sainte » d’Ibn Tûmart.

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Fig. 4 - Vue générale de l’ensemble érémitique de la grotte occidentale à la fin de la campagne 2019.Fig. 4 – Vue générale de l’ensemble érémitique de la grotte occidentale à la fin de la campagne 2019.

La fouille vient donc confirmer de manière éclatante les hypothèses posées dès les prémisses du programme scientifique par ses responsables. Au-delà de la mise en évidence de l’importance historique de ce site jusqu’alors pratiquement ignoré par l’historiographie au profit de Tinmal dans le Haut-Atlas, ceux-ci ont en effet également défendu d’emblée l’idée selon laquelle Igiliz devait être considéré, comme l’indiquaient d’ailleurs des textes médiévaux concordants, comme un lieu de retraite et de militance – un ribât donc­ –, et étudié en tant que tel (Van Staëvel, Fili, 2006, p. 166 ; Ettahiri, Fili, Van Staëvel, 2013, pp. 1116-1117, 1125-1127 ; Van Staëvel, 2014, pp. 58-59, 70, 72). Ils ont également soutenu l’importance de l’épisode de la retraite d’Ibn Tûmart dans la grotte d’Igiliz qui, loin d’apparaître comme une simple anecdote sur laquelle l’historiographie jette un regard amusé ou en dénie toute réalité, s’inscrit historiquement dans une tradition de pratique érémitique bien documentée par ailleurs (Fili, Van Staëvel, 2006, pp. 166-167 ; Ettahiri, Fili, Van Staëvel, 2013, pp. 1115, 1126-1129 ; Van Staëvel, 2010, pp. 315-319). Ces points, cruciaux parce qu’ils participent de la définition même de la nature du site d’Igiliz au commencement du mouvement révolutionnaire almohade, ont été systématiquement négligés ou, au mieux, sous-estimés par la vulgate historiographique, même la plus récente. La monographie, actuellement en cours d’achèvement, offrira une synthèse des nouvelles interprétations d’ensemble, encore largement inédites, qu’il est possible de tirer des fouilles d’Igiliz au sujet des origines du mouvement almohade.

Espaces domestiques et agapes tribales : les secteurs à l’ouest et au sud de la grande-mosquée

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Fig. 5 - Plan général des secteurs situés à l’ouest et au sud de la grande-mosquée.Fig. 5 – Plan général des secteurs situés à l’ouest et au sud de la grande-mosquée.

Sur l’acropole d’Igiliz, les secteurs situés à l’ouest et au sud de la grande-mosquée se caractérisent par la densité et la complexité de l’occupation médiévale, la présence de nombreux remaniements tardifs et l’accumulation des déblais (fig. 5). L’imbrication des espaces, associée à la longue fréquentation du lieu par les populations rurales de la région (ce dont témoignent à l’évidence la quantité importante de céramique moderne et subcontemporaine qu’il est possible d’y récolter, et la présence de plusieurs pièces reconstruites sur des substructures d’époque médiévale : l’Anoual, cuisine collective villageoise, et les Buyût, destinées à accueillir les visiteurs), rend la fouille difficile, alors même qu’il s’agit sans nul doute de l’un des centres névralgiques du pôle de dévotion médiéval, point de rencontre des principales voies de circulation qui irriguent l’ensemble de la zone bâtie située sous la Qasba. De par sa position centrale à la jonction de plusieurs entités importantes du site, cet ensemble constitue manifestement un élément charnière dans la structuration du tissu d’Igiliz. Sa compréhension, à la fois chronologique et fonctionnelle, est donc susceptible d’apporter des éléments d’information importants quant à l’occupation de cette partie du site. D’autre part, si les recherches ont livré dès 2012 et 2013 des vestiges d’habitat, elles ont également permis la découverte plus inattendue de structures à vocation communautaire, telle la cuisine collective retrouvée juste au nord des bâtiments fouillés cette année. L’existence d’un tel bâtiment venait corroborer ce que disaient les textes médiévaux sur les agapes (voir Ghouirgate, 2014, pp. 107-120 ; Ghouirgate, 2015) qui devaient se dérouler à Igiliz, et dont les fêtes collectives qui avaient encore lieu ici durant les années 1970 et 1980 constituent le lointain écho. L’une des questions essentielles qui sous-tendent la fouille à cet endroit de l’acropole tient par conséquent dans l’indispensable discrimination à mener entre les vestiges qui doivent être considérés comme des structures d’habitat (des maisons, donc), et les bâtiments ou les espaces qui, bien qu’ils puissent présenter eux aussi des aménagements de type domestique, s’intègrent en réalité dans le contexte des repas collectifs. Il paraissait donc logique de poursuivre dans cette optique l’exploration de ce secteur durant le présent programme quadriennal, pour confirmer ou non l’ampleur de cet investissement consenti dans l’expression de la force tribale et de la cohésion sociopolitique au moyen de ce rituel commun.

La fouille du secteur à l’ouest de la grande-mosquée (resp. P. Wech) a permis de poursuivre l’étude engagée en 2014 et en 2018. Les campagnes précédentes avaient permis d’identifier l’Anoual et l’espace 115 / 116 comme appartenant à une première phase d’aménagement des lieux. En 2018, la fouille de l’espace 111, situé immédiatement à l’arrière de la construction 115 / 116 a pourtant révélé l’existence d’une construction encore plus ancienne, totalement arasée lors des aménagements postérieurs. Cette construction, dont l’orientation apparaît divergente, a été dégagée plus largement en 2019, son prolongement ayant notamment été reconnu sous le sol de l’espace 117. La nature de la construction et la présence de deux parements semblent exclure l’identification d’un simple mur de terrasse. La question reste toutefois posée de la fonction de l’édifice ainsi mis en évidence, dans la mesure où les niveaux d’occupation associés sont particulièrement discrets et pauvres en mobilier. Il n’en reste pas moins que la présence de ce bâtiment témoigne d’une phase d’occupation et d’aménagement précoce, antérieure en tout cas à l’espace 115 / 116 qui apparaissait jusque-là, avec l’Anoual, comme l’un des éléments fondateurs de l’organisation spatiale du secteur. L’effort a porté par ailleurs cette année sur le dégagement et l’exploration du couloir coudé 119, dont la fouille a révélé la configuration initiale, sous la forme d’une ruelle (fig. 6) menant initialement du quartier sud-ouest de l’acropole dit de la « Grande Maison » au secteur de la grande-mosquée. En l’absence de niveau d’occupation ou de circulation clairement identifiable, cette ruelle ne semble pas avoir connu une durée de vie très longue. Une fois désaffectée, elle voit l’installation de multiples fours et foyers, dans un espace pourtant exigu : la fouille a ainsi dégagé, dans le coude de l’ancienne ruelle, un petit four à pain dont la voûte a été largement conservée (fig. 7). Son extrémité occidentale, désormais obturée, accueille d’importants volumes de remblais, dont des séquences détritiques qui témoignent d’un usage en tant que dépotoir. Le mobilier qui y a été collecté est particulièrement abondant et diversifié et, notamment pour la céramique, apporte de précieuses informations sur la culture matérielle de l’époque.

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Fig. 6 - Vue de la ruelle 119 une fois dégagée.Fig. 6 – Vue de la ruelle 119 une fois dégagée.

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Fig. 7 - Four à pain aménagé dans le coude de l’ancienne ruelle à présent désaffectée.Fig. 7 – Four à pain aménagé dans le coude de l’ancienne ruelle à présent désaffectée.

La campagne 2019 a été enfin l’occasion de débuter la fouille (resp. C. Capel) d’un autre secteur de la partie centrale de l’acropole d’Igiliz jusqu’alors laissé en marge des travaux de décapage (fig. 8). Se développant au sud de la grande-mosquée et en arrière des pièces encore en usage jusqu’à une époque récente (Buyût, Anoual), cette zone dépourvue en surface de vestiges apparents représente un vaste espace plan et ouvert d’une centaine de mètres carrés, connu pour avoir été, jusqu’à une date récente, le lieu où se déroulaient une partie des rites communautaires (sacrifices sanglants suivis de repas collectifs, réunions féminines) des villages environnants. La fouille de ce secteur a notamment révélé l’existence de quatre espaces distincts (155, 156, 157, 159), dont une imposante pièce médiévale (156) à la construction soignée, et dotée de deux banquettes profondes aménagées en vis-à-vis de part et d’autre de la baie d’accès centrale (fig. 9). Cette pièce ouvre sur une cour au sol soigneusement aménagé et entretenu, qui présente de très nombreuses traces de fréquentation. Les limites de cette cour ne sont pas connues car du côté nord, les bâtiments des Buyût y ont été par la suite implantés lors de l’époque moderne, limitant la fouille de ce côté. Les traces de nombreux aménagements postérieurs montrent par ailleurs l’importance du réinvestissement du lieu par les populations villageoises des alentours après la période médiévale. L’étude des espaces de ce secteur n’a pu être menée partout à son terme. Il conviendra donc d’achever ces travaux lors de la campagne de 2020, afin de préciser l’articulation de ces vestiges avec ceux du secteur situé à l’ouest de la mosquée, et leur éventuelle complémentarité dans la pratique des repas collectifs médiévaux.

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Fig. 8 - Vue générale du décapage du secteur au sud de la grande-mosquée.Fig. 8 – Vue générale du décapage du secteur au sud de la grande-mosquée.

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Fig. 9 - Vue générale de la grande pièce médiévale 156.Fig. 9 – Vue générale de la grande pièce médiévale 156.

Etudes sur le mobilier et formation de spécialité

Du fait des conditions qui ont présidé à son occupation relativement courte dans le temps et surtout à l’abandon définitif de la plupart de ses secteurs après la période almohade, le site d’Igiliz a livré une très grande quantité d’objets de toutes sortes. Cet ensemble mobilier constitue un exceptionnel témoignage sur le cadre de vie d’une société de montagne à l’époque médiévale, dans une région dont on ignorait encore tout de la culture matérielle, il faut le rappeler encore, avant le début des fouilles en 2009. La céramique est naturellement le mobilier qui est le plus représenté : son étude a permis de constituer une typochronologie qui permet aujourd’hui de saisir en diachronie la production locale et régionale du XIe siècle jusqu’à l’orée de la période contemporaine. Elle constitue également le sujet de la thèse que réalise actuellement Mme Ihssane Serrat, sous la direction d’A. Fili et A. S. Ettahiri à l’INSAP. L’ensemble du mobilier récolté chaque année est inventorié sur place de manière systématique. Il est ensuite ramené, à l’issue de chaque campagne sur le terrain, dans les locaux de l’INSAP à Rabat où il est stocké et étudié en postfouille. Soucieux de contribuer à la formation d’une nouvelle génération d’étudiants capables de gérer au mieux le travail de marquage, d’inventaire et de dessin du mobilier en général et de la céramique en particulier, les responsables marocains du programme ont organisé, du 10 au 22 décembre 2018, une session de dessin et d’étude du matériel d’Igiliz avec plus d’une dizaine d’étudiants de L3 de l’INSAP (fig. 10). Cette opération, qui a eu lieu dans les locaux de l’INSAP, a permis d’achever le dessin des céramiques issues des zones d’habitat. Elle a également offert l’opportunité aux étudiants en début de parcours universitaire (L1 et L2) de s’initier pour la première fois à la pratique de la céramologie.

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Fig. 10 - Session d’étude du mobilier céramique dans les locaux de l’INSAP, décembre 2018.Fig. 10 – Session d’étude du mobilier céramique dans les locaux de l’INSAP, décembre 2018.

Malgré des conditions taphonomiques souvent peu favorables à sa pleine conservation, le mobilier métallique n’est pas en reste, et la mission a ainsi pu récolter de nombreux objets en fer ou en alliage cuivreux, de fonctions très diverses. La quantité de mobilier métallique récoltée à Igiliz est telle qu’elle a d’ailleurs permis d’envisager des études spécifiques, qui ont été confiées à de jeunes chercheuses. Mme Pauline De Keukelaere a ainsi engagé en 2016 une thèse de doctorat à l’Université de Paris-Sorbonne (dir. J.-P. Van Staëvel) sur l’armement métallique à l’époque almoravide et almohade. Cette année, c’est Mme Hasna Doukali qui s’est inscrite en doctorat à l’INSAP, sous la direction d’A. S. Ettahiri et de M. Belatik, pour étudier le mobilier métallique d’Igiliz hors armement. On rappellera enfin que s’ajoute à ces travaux une recherche plus spécifiquement tournée sur la production d’objets métalliques, grâce à la fouille de la forge médiévale d’Igiliz, menée par Nolwenn Zaour et P. De Keukelaere, dans le cadre d’une collaboration entre la mission archéologique et l’INRAP.

Le programme de restauration des vestiges du site d’Igiliz : actions menées en 2019

Du Grand Prix d’Archéologie à la mise en œuvre du programme de restauration

Faisant suite à l’obtention du Grand Prix d’archéologie de la fondation Simone et Cino Del Duca en 2015, deux années ont été nécessaires aux directeurs de la mission archéologique pour mener à bien une enquête préliminaire auprès des responsables en charge du patrimoine archéologique, au Maroc, afin de poser les jalons nécessaires à la préparation d’un projet raisonné de restauration du site et de mise en conformité en vue d’une opération de valorisation touristique. La question demandait en effet une approche prudente et réfléchie, dans un contexte économique qui a vu ces dernières années se développer au Maroc de très nombreuses initiatives dans le domaine, à l’actif soit des institutions en charge du patrimoine ou de spécialistes en la matière (cf. les belles réalisations de Salima Naji sur les greniers collectifs du Sud marocain), soit de sociétés privées sans expérience préalable dans le domaine archéologique. Les codirecteurs de la mission archéologique souhaitaient conserver un droit de regard aussi étroit que critique sur les opérations de restauration et de mise en valeur amenées à se dérouler in situ, et mettre en œuvre une procédure de restauration respectueuse du site et de son environnement d’une part, et des différents acteurs du développement patrimonial et touristique d’autre part. Au terme de cette enquête préliminaire, la confection d’un projet global de restauration et de mise en valeur du site a donc été confiée au début de l’année 2018 à M. Mohamed Belatik, archéologue, ancien chef de la division des Musées, ancien chef de la division de l’Inventaire du patrimoine à la Direction du Patrimoine Culturel, et désormais enseignant-chercheur à l’INSAP. Pour assurer la coordination technique du projet, M. Belatik s’est adjoint les services de M. Abdeslam Zizouni, technicien-expert en restauration, actuellement en poste à la Conservation du site de Banasa.

Vu le caractère sensible de l’opération de restauration, une première démonstration pratique de restauration sur le site a été menée en avril 2018 sur un échantillon restreint de vestiges archéologiques. L’idée était de pouvoir mettre à l’épreuve, sur deux tronçons de murs, le savoir-faire et les techniques de restauration, ainsi que les mélanges de matériaux, notamment pour la réalisation des liants et des enduits de finition. Le chantier a été implanté au sommet du site, dans la zone de commandement de la Qasba : cet ensemble monumental, élément central de l’aménagement spatial de l’acropole d’Igiliz à l’époque almohade, a été fouillé presque intégralement de 2009 à 2014, et a livré des structures archéologiques bien lisibles et en assez bon état de conservation, aptes donc à accueillir une entreprise de restauration et de mise en valeur des vestiges.

Les travaux du printemps 2019

Suite à cette première intervention, il a été décidé de mener des travaux de beaucoup plus grande envergure au printemps 2019, en poursuivant, à large échelle, l’opération-pilote de restauration des bâtiments de la zone sommitale de la Qasba. Du 2 au 30 avril 2019, l’équipe des restaurateurs, composée de 20 ouvriers placés sous la direction des responsables du programme et d’un contremaître, a par conséquent mené des interventions de consolidation et de stabilisation des vestiges existants dans leur état actuel, dans un respect total de l’intégrité et de l’authenticité du site et en suivant les normes en vigueur (fig. 11).

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Fig. 11 - Vue générale du chantier de restauration depuis la cour de la zone sommitale de la Qasba.Fig. 11 – Vue générale du chantier de restauration depuis la cour de la zone sommitale de la Qasba.

Une opération emblématique a eu lieu au niveau de la citerne sommitale de la Qasba (fig. 12 et 13). Les travaux de restauration entrepris à cet endroit ont en effet requis une intervention technique plus complexe que celles menées au niveau des murs. L’aménagement d’une rigole collectant les eaux de ruissellement et les acheminant vers la citerne a permis de remédier à la possible stagnation des eaux de pluie au niveau de la cour de la zone sommitale de la Qasba.

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Fig. 12 - Restauration de la citerne de la zone sommitale de la Qasba. Fig. 12 – Restauration de la citerne de la zone sommitale de la Qasba.

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Fig. 13 - Vue de la même citerne une fois les travaux de restauration terminés. Fig. 13 – Vue de la même citerne une fois les travaux de restauration terminés.

Malgré les contraintes multiples… une action pionnière et un chantier école

Sans surprise, la montagne d’Igiliz présente un certain nombre de contraintes spécifiques, qui viennent singulièrement compliquer l’organisation du chantier de restauration. Parmi celles-ci, le caractère enclavé de la région dans laquelle se trouve le site, l’exposition aux vents d’altitude prompts à soulever les matériaux fins ou pulvérulents, le froid et surtout, bien sûr, l’approvisionnement en eau, particulièrement problématique sur ce site. Cette liste non exhaustive donne une idée des difficultés de l’entreprise auxquelles les restaurateurs se sont trouvés confrontés, et qui ont occasionné au final un travail parfois très pénible.

Malgré ces problèmes, l’opération de restauration menée cette année à Igiliz a montré que le travail concerté entre archéologues et restaurateurs est un gage de réussite de tout projet de restauration. Elle a confirmé d’une part la logique d’un choix consistant à conserver ce site historique dans son état actuel en limitant au maximum les interventions. Elle a mis en évidence d’autre part l’efficacité des solutions préconisées, que ce soit au niveau du choix des matériaux de restauration utilisés, des dosages arrêtés et de leur degré d’adhésion aux matériaux d’origine. Elle donne enfin une vision claire sur le devenir du site en cas de généralisation de cette action à toutes ses composantes.

L’entreprise de restauration menée cette année a eu enfin une autre conséquence particulièrement importante. Elle a en effet offert la possibilité d’organiser de fait un chantier école, contribuant à la formation de la quinzaine d’ouvriers impliqués directement dans les travaux de restauration. Cette main-d’œuvre, déjà partiellement qualifiée pour une petite minorité d’individus, s’est donc formée et perfectionnée dans le cadre d’un suivi assuré au jour le jour par le technicien spécialiste de la restauration (fig. 14).

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Fig. 14 - Travail de rejointoiement des murs médiévaux sous la supervision du contremaître du chantier. Fig. 14 – Travail de rejointoiement des murs médiévaux sous la supervision du contremaître du chantier.

Mise en valeur patrimoniale et touristique du site

L’année 2019 a enfin été marquée par toute une série de démarches et de discussions entreprises par la mission archéologique auprès des institutions administratives provinciales et régionales, mais également en lien avec le milieu associatif, afin de promouvoir le statut exceptionnel du site archéologique qu’elle étudie depuis maintenant plus d’une décennie, et d’œuvrer au développement du projet de mise en valeur patrimoniale et touristique le concernant.

La mise en valeur touristique du site et le projet FSPI

Fidèle à ses engagements passés notamment avec la commune de Toughmart qui l’accueille, la mission archéologique avait déjà, au long des années précédentes, organisé plusieurs visites impliquant des enseignants ou des étudiants de l’Université d’Agadir, des écoles primaires ou des groupes particuliers.  Mais – et c’est là un fait nouveau – le site d’Igiliz n’a vraiment accueilli ses premiers groupes touristiques qu’à partir de cette année. Cette nouvelle situation impose par conséquent un aménagement en conséquence du site, par la définition d’un parcours de visite bien visible, tâche devenue prioritaire à l’automne 2019 dans le cadre du programme FSPI (Fonds de solidarité pour les projets innovants, les sociétés civiles, la francophonie et le développement humain), placé sous l’égide de la Direction générale de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et du développement international (Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères) et porté par le Centre Jacques-Berque, et auquel la mission archéologique à Igiliz est fortement associée. Intitulé « La Route des Empires : recherche et valorisation patrimoniale des sites archéologiques du Moyen-Âge Présaharien, Maroc », ce projet entend favoriser la création d’une route touristique reliant des sites archéologiques emblématiques du Sud marocain, en impulsant, dans le cadre d’un programme de coopération ambitieux avec les institutions marocaines, une nouvelle dynamique de mise en valeur patrimoniale.

Le partenariat avec le milieu associatif

La mission archéologique a été amenée par ailleurs à tisser des liens avec le réseau associatif local ou international. Elle a ainsi collaboré avec l’association “Experts Solidaires” (Montpellier), qui développe dans la vallée des Arghen un programme de solidarité internationale centré sur la gestion de l’eau et de l’assainissement, ainsi que sur la promotion du tourisme rural. C’est dans ce cadre que cette association a approché au printemps 2019 les directeurs de la mission pour établir un partenariat ponctuel consistant à favoriser l’intégration du site archéologique dans un circuit touristique à thématique rurale.

Une action de promotion de la valeur patrimoniale d’Igiliz a également été menée localement par la mission archéologique lors du festival al-Nakhîl qui a lieu chaque année à Magennoune, l’une des localités situées en contrebas du site. Deux opérations de communication destinées à un large public ont donc été organisées du 11 au 13 avril 2019. La mise en place d’un stand dédié au programme de recherche archéologique a permis de présenter une exposition de photographies du site, deux panneaux explicatifs portant sur l’archéologie islamique au Maroc, ainsi que quelques objets archéologiques. Mis gracieusement à la disposition de l’équipe par les organisateurs, le pavillon dédié à la mission a recueilli un franc succès en accueillant un public varié, curieux et attentif (fig. 15 et 16). D’autre part, la mission archéologique a organisé le 13 avril 2019 une visite guidée du site destinée aux membres des associations de la région des Arghen. Cette visite a été suivie par une importante réunion plénière à la Maison de l’Archéologie. M. Belatik, responsable du volet restauration, a modéré le débat portant sur l’importance du site dans une dimension de développement local, le fonctionnement du programme de mise en valeur ainsi que ses retombées économiques potentielles. Largement ouverte et riche d’échanges variés, la discussion, qui a duré près de deux heures, a fait ressortir l’intérêt porté par les responsables des associations aux activités de la mission, et la volonté commune d’aider à la réussite du projet.

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Fig. 15 - Visiteurs du stand de la mission archéologique. Festival de Magennoune, avril 2019.Fig. 15 – Visiteurs du stand de la mission archéologique. Festival de Magennoune, avril 2019.

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Fig. 16 - Visiteuses du stand de la mission archéologique. Festival de Magennoune, avril 2019.Fig. 16 – Visiteuses du stand de la mission archéologique. Festival de Magennoune, avril 2019.

Diffusion scientifique

En matière de valorisation scientifique et de diffusion des résultats, la mission a publié, au 1er octobre 2019, 25 articles, essentiellement dans des revues françaises ou marocaines à comité de lecture, ou dans des actes de colloques internationaux. Du fait de l’investissement croissant des directeurs de la mission dans la gestion des opérations de restauration et des projets de mise en valeur au long de l’année 2019, l’achèvement du manuscrit de la première monographie consacrée aux principaux monuments de l’acropole d’Igîlîz (système défensif, Qasba, grande-mosquée, « grottes » et Mhadra), a été repoussé à l’hiver 2019-2020. Une seconde monographie, portant plus spécifiquement sur l’habitat et les cadres de vie d’une part, les activités rituelles d’autre part, est parallèlement en cours de préparation.

Bibliographie

Ettahiri, Ahmed S., Fili, Abdallah, Van Staëvel, Jean-Pierre, « Nouvelles recherches archéologiques sur les origines de l’Empire almohade au Maroc : les fouilles d’Igîlîz », Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2013, II (avril-juin), pp. 1053-1086.

Ghouirgate, Mehdi, L’Ordre almohade (1120-1269). Une nouvelle lecture anthropologique, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2014.

Ghouirgate, Mehdi, « Asmâs : le plat emblématique des Almohades », Arabica, 62 (2015), pp. 1-22.

Van Staëvel, Jean-Pierre, « La caverne, refuge de « l’ami de Dieu » : une forme particulière de l’érémitisme au temps des Almoravides et des Almohades (Maghreb extrême, XIe-XIIIe siècles) », Cuadernos de Madînat al-Zahrâ’, numéro spécial : Miscelanea de historia y cultura material de al-Andalus. Homenaje a Maryelle Bertrand, 7 (2010), pp. 311-325.

Van Staëvel, Jean-Pierre, « La foi peut-elle soulever les montagnes ? Révolution almohade, morphologie sociale et formes de domination dans l’Anti-Atlas et le Haut-Atlas (début XIIe s.) », REMMM, 135 (2014), pp. 49-76.

Van Staëvel, Jean-Pierre, Fili, Abdallah, « Wa-wasalnâ ‘alâ barakat Allâh ilâ Îgîlîz : à propos de la localisation d’Îgîlîz-des-Hargha, le hisn du Mahdî Ibn Tûmart », Al-Qantara, XVII (2006), pp. 153-194.

Le 18/02/2020

Source web par : archeocvz.hypotheses

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