Météorite de Tiglit : le Musée Universitaire de météorites d'Agadir se prononce sur son origine
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Météorite de Tiglit : le Musée Universitaire de météorites d'Agadir se prononce sur son origine

Le Musée Universitaire de météorites d’Agadir a tenu à rectifier le tir quant aux données scientifiques de la météorite de Tiglit tombée aux environs du village du même nom, Tiglit, à environ 140 km au sud-est de la ville de Guelmim, vendredi 10 décembre 2021, vers 20 h.

En effet, les habitants de la région du village de Tiglit, à environ 140 km au Sud-Est de la ville de Guelmim, ont été témoins d’un fait qui, somme toute sans être fréquent, est tout de même, assez coutumier de ces régions. L’évènement céleste est survenu quand une grande boule de feu verte a illuminé le ciel de toute la région avant que trois détonations successives et puissantes ne se fassent entendre, confirmant ainsi, la chute d’une météorite et sa fragmentation en plusieurs petits morceaux dispersés sur les sommets des montagnes de la région de Tiglit située sur la carte (N 28° 23,533’ ; W 10° 22,632′). L’évènement a provoqué, on s’en doute, une véritable ruée vers les fragments de météorites. Le lendemain toute la région s’est vue envahir par des chasseurs de météorites venus du grand-sud marocain de Guelmim, Aouina Aghman, Aouina Tarkoz, Lamsayed, Tantan, Es Smara, Lâayoune…) qui en 4/4, en voiture ou même à pied se sont rendus dans ladite zone, au terrain accidenté, dans l’espoir de trouver la pierre céleste si l’on peut dire et qui vaut un pesant d’or.

Du coup, les premiers spécimens ou échantillons récoltés et sans données scientifiques ont atteint des prix exorbitants allant jusqu’à 6000 dirhams le gramme sur place, marchandés en cela comme étant une météorite lunaire. Le Professeur Abderrahmane Ibhi, expert en météorites et fondateur responsable du Musée Universitaire de Météorites, a confirmé l’authenticité de la nouvelle à savoir la chute d’une météorite dans le sud-est du Maroc près du village de Tiglit et a indiqué que les analyses effectuées par le Musée Universitaire de météorites confirment qu’il s’agit effectivement d’une roche céleste de type aubrite d’origine astéroïdale calmant ainsi certaines ardeurs, et ce au grand dam des chasseurs de météorites qui pensaient avoir fait fortune. Immédiatement après l’annonce de la découverte des premiers échantillons de ladite météorite par des personnes qui se trouvaient près du village, des membres du Sahara Fondation pour l’Astronomie se sont rendus sur les lieux de la chute en coordination avec le Musée Universitaire de Météorites de l’Université Ibn Zohr pour inspecter l’endroit et collecter des informations. Ils ont réalisé des prélèvements d’éventuels fragments de la météorite pour une analyse au laboratoire et déclarer son origine.

Aussi, dans ce terrain très accidenté, de petits échantillons ont été trouvés, allant d’un gramme à environ 250 grammes. Le prix de la météorite de Tiglit appelée « le trésor » par les collectionneurs a alors atteint plus de 6000 dirhams par gramme sur place dans le désert, les intermédiaires pensant que l’objet céleste provenait de la Lune. Il est vrai, nous dit le Professeur Abderrahmane Ibhi, expert en météorites « qu’il y a une grande similitude entre un type de météorite lunaire (lunar feldspatic regolith breccia) et une météorite de type aubrite provenant des astéroïdes orbitant autour du Soleil entre Jupiter et Mars dans la ceinture d’astéroïdes. Par conséquent, il faut que les gens soient prudents jusqu’à ce que des analyses de laboratoire soient effectuées pour déterminer le type exact de météorite ».

Après avoir reçu un échantillon au Musée Universitaire de météorites, des analyses préliminaires ont été effectuées au Centre de recherche scientifique de la Faculté des Sciences d’Agadir. Les résultats, nous dit le Professeur Ibhi, ont démontré que « la météorite de Tiglit est une roche magmatique de couleur claire, principalement composée de grands cristaux blancs d’enstatite (orthopyroxène très riche en magnésium et pauvre en fer) avec quelques cristaux d’olivine de type forstérite (pauvre en fer), d’alliage fer-nickel et une multitude de minéraux accessoires rares. La texture fortement bréchifiée atteste une histoire violente de son corps parent. En se basant sur ces données, on peut confirmer que cette roche peut être classée comme une météorite achondrite de type “aubrite” ».

Et de nous expliquer ce qu’étaient les aubrites, appelées ainsi après qu’une petite météorite soit tombée en 1836 à Aubres en France. Ce sont généralement des pyroxénites à enstatite presque monominérales, composées principalement d’enstatite provenant d’un astéroïde différencié. Les comparaisons de leurs spectres avec ceux des astéroïdes ont révélé de grandes similitudes entre le groupe des aubrites et les astéroïdes de type E qui est censé être composés d’orthopyroxène de type enstatite (MgSiO3).

Plus de vingt et une chutes de météorites (tous types confondus) ont été observées et ont été ramassées sur le territoire marocain. Concernant les Aubrites, la météorite de Tiglit est la première chute observée dans cette région. Elle portera le nom du village où elle a atterri. Toutefois, 6 ont été récoltées au Maroc (une en 2005, deux en 2006, deux en 2007 et une 2019 toutes ces roches portent le nom NWA). Ces chutes et découvertes sont des sources exceptionnelles de savoir nous dit le fondateur responsable du Musée Universitaire de Météorites, ces roches célestes recèlent de précieuses informations sur les conditions de formation du système solaire il y a 4,5 milliards d’années, sur la genèse des planètes et leur composition interne. Cependant, il est regrettable que les météorites trouvées sur le sol marocain finissent exposées dans les grands musées du monde au lieu de rester sur le territoire marocain. Pour y remédier, l’Université Ibn Zohr à Agadir a fondé en 2016 le Musée Universitaire de Météorites, un établissement scientifique et culturel à but non lucratif pour accueillir les météorites marocaines et encourager la culture scientifique, l’astrotourisme et la recherche scientifique.

Source web par : hespress