Niveau des océans : vers une hausse de 6 mètres ?
Les modèles du réchauffement climatique pourraient sous-estimer l'ampleur des changements à venir au-delà du XXIe siècle si l'on en croit une équipe internationale de climatologues dont certains sont membres du CNRS, de l'université de Bordeaux, de l'Université PSL, du CEA, et de l'UVSQ. La hausse du niveau des mers pourrait atteindre six mètres pendant plusieurs milliers d'années notamment.
On sait bien qu'il ne faut pas confondre les simulations numériques sur supercalculateurs destinées à prédire la météo à plusieurs jours à l'avance et celles, plus spécifiques, destinées à prédire le climat sur des dizaines voire des milliers d'années. Par analogie, on ne peut pas calculer avec précision sur une grande durée de temps le comportement de plusieurs litres d'eau ou d'air à partir des mouvements des molécules qui les composent. Il existe, cependant, des lois macroscopiques, comme celle de la mécanique des fluides et de la thermodynamique, qui permettent de prédire sans problème et avec une bien moins grande quantité de calculs le comportement moyen simple de ces systèmes. Il suffit de penser à la loi des gaz parfaits ou aux équations de Navier-Stokes pour s'en convaincre.
Toutefois, les climatologues cherchant à mieux comprendre et prédire les conséquences et l'amplitude du réchauffement climatique en cours savent bien que leurs modèles ont forcément des limites et que les prédictions au-delà du XXIe siècle, bien que crédibles, méritent d'être assises sur des bases encore plus solides.
À part améliorer les modèles et augmenter la puissance des ordinateurs, il existe une autre méthode pour progresser dans cette direction : la paléoclimatologie. En effet, d'une certaine façon, et bien que les rythmes d'évolution aient été bien moins rapides que ceux causés par l'Humanité depuis environ un siècle, il est possible de trouver dans le passé de la Terre des traces d'un climat plus chaud et avec un taux de gaz carbonique plus élevé. Ce qui n'est pas sans rappeler l'évolution en cours de notre Planète et les prévisions des modèles climatiques pour la fin de ce siècle.
D'ici à 2100, tous les continents seront impactés par le réchauffement climatique. Suivez en animation les principales conséquences région par région, avec un focus sur deux phénomènes : El Niño et le Gulf Stream. © CEA Recherche
Six mètres de plus pour les océans avec 2 °C en plus
Rappelons que même si nous arrivions à limiter le réchauffement climatique global à 2 °C à la fin de ce siècle, le climat continuera quand même à changer au-delà, et probablement pendant des millénaires encore. En se basant sur les archives paléo-climatologiques portant sur les derniers 3,5 millions d'années, une équipe internationale de climatologues, dont certains sont français et membres, par exemple, du CEA, vient justement de publier dans Nature Geoscience les résultats de leurs travaux sur l'évolution du climat à long terme. Pendant ces 3,5 millions d'années, plusieurs intervalles de l'histoire de la Terre étaient de 0,5 à 2 °C plus chauds que l'époque préindustrielle.
Il ressort des travaux des chercheurs que les modèles climatiques pourraient bien sous-estimer les changements que va subir la Terre, même en restant à plus 2 °C en 2100. Il y aura de toute façon des déplacements rapides des zones climatiques et des écosystèmes associés vers les pôles et en altitude. Les glaciers vont ainsi continuer à reculer.
On doit s'attendre à ce que les glaces de l'Arctique et de l'Antarctique voient leur surface se réduire significativement pendant des milliers d'années et que l'élévation des températures dans l'hémisphère Nord conduise notamment à une libération de gaz à effet de serre, comme le méthane piégé par exemple dans le pergélisol. Les chercheurs pensent que l'ajout de ces gaz dans l'atmosphère ne devrait pas conduire à un emballement catastrophique des températures (bien que l'hypothèse ne soit pas strictement exclue). Mais malheureusement, l'effet ne devrait pas être négligeable.
En tout état de cause, on doit s'attendre à « une fonte substantielle du Groenland et de l'Antarctique à long terme, et engendrer une hausse du niveau de la mer de plus de 6 mètres qui persistera des milliers d'années » et « des vitesses de montée du niveau de la mer supérieures à celles de ces dernières décennies sont alors probables », selon un communiqué du CEA au sujet de ces travaux.
Publier le 5 Juillet 2018
Source web par : futura-sciences
Les articles en relation
Voie lactée : Gaia révèle une collision géante avec une autre galaxie il y a 10 milliards d'années
Voie lactée : Gaia révèle une collision géante avec une autre galaxie il y a 10 milliards d'années La révolution apportée par les données astrométriques de la mission
Savoir plus...Jason 2 à 10 ans : l'altimétrie spatiale a révolutionné notre connaissance du climat
Jason 2 à 10 ans : l'altimétrie spatiale a révolutionné notre connaissance du climat Le satellite Jason 2 fête ses 10 ans. Les missions altimétriques des satellites Jason, du CNES et de la
Savoir plus...Réchauffement climatique : les années 2018-2022 s'annoncent plus chaudes que prévu
Réchauffement climatique : les années 2018-2022 s'annoncent plus chaudes que prévu L'été 2018 est chaud et ce n'est qu'un début. Une nouvelle modélisation du climat pr&
Savoir plus...Les zones humides, un patrimoine universel en danger
Les zones humides, un patrimoine universel en danger Depuis le début du siècle dernier, plus de la moitié des superficies des zones humides ont atteint le stade ultime de la dégradation, la disparition
Savoir plus...Énergie renouvelable
Énergie renouvelable Sont classées dans la catégorie des énergies renouvelables (EnR), toutes les énergies que la nature constitue ou reconstitue plus rapidement que l'Homme ne les utilise. Elle
Savoir plus...Réchauffement climatique : de nouveaux modèles prévoient jusqu’à + 7°C en 2100 !
Réchauffement climatique : de nouveaux modèles prévoient jusqu’à + 7°C en 2100 ! L'amélioration des outils de calcul a permis à des scientifiques français d'affiner e
Savoir plus...Le moustique tigre a conquis Paris et plus de la moitié de la France
Le moustique tigre a conquis Paris et plus de la moitié de la France Le moustique tigre, une espèce capable de transmettre des maladies telles que la dengue, le Chikungunya et le Zika, poursuit sa progression en France
Savoir plus...COP24 : les États valident l'accord de Paris, mais sans plus
COP24 : les États valident l'accord de Paris, mais sans plus Les catastrophes climatiques se multiplient. Les appels d'urgence aussi. Les experts sont d'accord, unanimement. Contre le réchauffement climatiqu
Savoir plus...La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Rapport 2017
La montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen. Rapport 2017 Par Jean-Pierre Van Staëvel, Abdallah Fili et Ahmed Ettahiri · Placée sous la responsabilité scientifique de Jean-Pierre Va
Savoir plus...Climat : un coup de froid sur l'Europe dans les décennies à venir ?
Climat : un coup de froid sur l'Europe dans les décennies à venir ? L'ONU estime qu'il y a peu de chance que les objectifs de la COP 21 soient atteints et que le réchauffement climatique se restreigne
Savoir plus...Le Giec alerte sur les impacts du réchauffement climatique
Le Giec alerte sur les impacts du réchauffement climatique Le monde devra procéder à des transformations «rapides» et «sans précédent» s'il veut limiter le réchau
Savoir plus...Sciences participatives : les chercheurs ont besoin de vous cet été pour recenser la biodiversité
Sciences participatives : les chercheurs ont besoin de vous cet été pour recenser la biodiversité Devenir acteur de notre environnement, une nécessité pour la sauvegarde de la biodiversité !
Savoir plus...