Solaire, engrais… Les emplettes de Mostafa Terrab à Marrakech
Un partenariat avec la Banque mondiale, un prêt de 100 millions d’euros auprès de sa filiale privée l’IFC… Les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui ont lieu à Marrakech s’avère être un terrain fertile pour OCP, le géant marocain des phosphates.
Large sourire aux lèvres, Mostafa Terrab donne une franche poignée de main à Ousmane Diagana, vice-président Afrique de l’Ouest et Afrique centrale de la Banque mondiale. Largement diffusée, la photo a été prise le 11 octobre, lors de la signature par les deux hommes d’un partenariat entre l’Office chérifien des phosphates (OCP) et la Banque mondiale, dans le cadre des assemblées annuelles des institutions de Bretton Woods qui se déroulent jusqu’au 15 octobre à Marrakech, au Maroc. Objectif : « Accélérer les investissements et les réformes pour rendre les engrais plus accessibles et abordables pour les agriculteurs ».
Selon un communiqué conjoint, ce programme – appelé à couvrir une superficie de 10 millions d’hectares – profitera à cinq millions d’agriculteurs au Bénin, en Guinée, au Mali et au Togo. « L’objectif est de promouvoir une transition agricole juste et durable en élargissant l’accès des agriculteurs d’Afrique de l’Ouest à des engrais spécialement conçus pour nourrir le sol et améliorer les rendements agricoles, ce qui permettra d’accroître les sources de revenus des agriculteurs, contribuant ainsi au développement et à la prospérité de l’Afrique », a souligné le PDG du plus grand producteur mondial d’engrais phosphatés.
Deux centrales solaires
Ce n’est pas la seule grande annonce d’OCP lors de la grande kermesse de la finance dans la ville ocre. Le 10 octobre, le groupe aux 11,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires enregistré en 2022 avait signé un accord de « prêt vert » de 100 millions d’euros avec la Société financière internationale (SFI-IFC), filiale du groupe de la Banque mondiale dévolue au secteur privé. Cette enveloppe a pour vocation d’augmenter « la production d’engrais à faible teneur en carbone en utilisant l’énergie solaire », ce qui contribuerait « à l’écologisation des systèmes alimentaires mondiaux et à la réduction de leur vulnérabilité aux fluctuations des prix des hydrocarbures », indique OCP dans un communiqué.
L’accord prévoit la construction de deux centrales solaires d’une capacité maximale de 400 mégawatts-crête (MWc) et 100 mégawattheures (MWh) de stockage en batteries, « ce qui en fait le premier projet solaire photovoltaïque à grande échelle doté d’une infrastructure de stockage intégrée au Maroc – et le plus grand en Afrique du Nord », indique un communiqué.
Il s’agit pour le groupe d’un pas de plus vers son objectif de verdir totalement sa production à l’horizon 2027. « IFC est fière de soutenir OCP dans sa démarche de réduction de son empreinte carbone, une stratégie qui aura des effets positifs à long terme non seulement au Maroc, mais aussi sur l’approvisionnement alimentaire mondial », a déclaré le directeur général de l’IFC, Makhtar Diop.
En avril, le groupe avait déjà annoncé un partenariat avec la filiale de la Banque mondiale visant la construction de quatre centrales solaires à Benguérir et à Khouribga – deux villes qui possèdent les plus grandes réserves de phosphates au Maroc. Tel qu’annoncé initialement, ce projet d’une capacité de 202 MWc – porté par la filiale OCP Green Energy – visait aussi à réduire l’empreinte carbone du groupe et à accroitre sa production d’engrais verts.
Autre annonce importante du groupe : la signature le 12 octobre d’un mémorandum d’entente avec la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est et Australe (TDB) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) pour favoriser « l’importation en Afrique de produits de base stratégiques, notamment d’engrais » grâce aux instruments de garanties de risques de MIGA.
Ambitions pour 2027
Encouragée par des résultats record en 2022, l’entreprise à capitaux publics a lancé en décembre une nouvelle stratégie verte dotée d’une enveloppe de 130 milliards de dirhams (12 milliards d’euros). Un programme qui fait la part belle aux énergies renouvelables, appelées à couvrir d’ici à 2027 ses besoins industriels et à alimenter « les nouvelles capacités de dessalement d’eau de mer, pour à la fois répondre aux besoins du groupe et permettre de fournir en eau potable et d’irrigation les zones riveraines des sites OCP », expliquait le groupe.
Bien que son chiffre d’affaires du premier semestre ait connu une baisse de 31 % par rapport à la même période l’année dernière, l’Office entend poursuivre son ambitieux programme d’investissement, qui vise également à porter en 2027 sa capacité de production à 20 millions de tonnes d’engrais par an, contre 12 millions en 2021 – et 70 millions de tonnes de roche de phosphate contre 44 millions en 2021.
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Le 11/10/2023
Source web par : jeuneafrique
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