Stress Hydrique et sécheresse : Quelle Transition pour le Maroc ?
Le stress hydrique qu’a traversé le Maroc est le plus grave de son histoire. Le déficit pluviométrique s’est carrément généralisé sur l’ensemble du territoire dépassant de plus de la moitié au nord de Marrakech et sur les Régions Souss-Massa et Anti-Atlas alors qu’il n’a quasiment pas plu dans les provinces du Sud. A un moment, l’année a été classée parmi les quatre pires les plus sèches qu’ait connu le Royaume depuis 1981 (Plan Maroc Vert).
Ces cycles répétitifs de sècheresse suscitent de grosses inquiétudes d’autant plus que les terres agricoles marocaines sont particulièrement vulnérables à l’érosion, ce qui qui constitue ainsi un autre défi majeur au Maroc, qui priverait l’économie nationale d’environ 134 millions de dollars par an selon des estimations de la Banque Mondiale. Ajouté à la fragilité naturelle du milieu (relief accidenté, pluies agressives/grêles, gelée, vent : chergui, substrats fragiles) et de l’activité́ humaine (surpâturage, surexploitation, pollution agricole…), force est de constater qu’il y a danger en la demeure quant à la biodiversité, ne serait-ce que ça.
Cette situation incite à réfléchir et prospecter de nouvelles pistes et perspectives pour sécuriser la chose agricole et surtout accommoder l’approche de l’eau avec la réalité du terrain, face à la pression et, de l’activité humaine et du dérèglement climatique. Cela inclut bien entendu, d’énormes efforts et sacrifices pour adapter nos cultures à la sècheresse, les diversifier pour se prémunir quant à la sécurité alimentaire. L’heure dans un premier temps est à, l’adoption de cycles courts de l’eau, la reforestation pour lutter contre l’érosion des sols et la préservation de leur fertilité.
Ce contexte Israël l’a bien connu, il y a de cela deux décennies quand, confronté à une situation de stress hydrique historique en 2000, l’Etat hébreu est parvenu au fil des années à surmonter ce défi. Grâce à une approche holistique et une politique volontariste des autorités, il a créé un environnement favorable permettant d’économiser l’or bleu et les autorités ont encouragé le développement des ressources artificielles (traitement des eaux usées, dessalement) et des technologies innovantes (micro-irrigation, compteurs intelligents).
Cette politique s’est accentuée petit-à-petit au fil de ces deux dernières décennies pour devenir un modèle du genre.
Aujourd’hui, elle donne ses fruits à tel point qu’Israël en est désormais devenu l’un des leaders mondiaux de l’eau. L’Etat hébreu exporte son savoir-faire, notamment vers les pays en voie de développement. Des projets dans ce secteur sont toujours en cours en Israël et des opportunités existent pour le Royaume depuis les accords d’Abraham et que les relations entre les deux pays sont au beau fixe.
Une large campagne de communication (menée en 2007- 2008) accompagnée de mesures d’économie d’eau comme la tarification spécifique par paliers de consommation en même temps, que l’équipement des foyers en réducteurs de pression d’eau et autres décisions allant vers la préservation de cette précieuse ressource, avaient été adoptées.
Cela a dépassé les résultats escomptés et la consommation domestique d’eau est passée en deux ans (2007-2009) de 105 m3 par personne à 90 m3. Les efforts des autorités pour promouvoir les technologies d’économies ne se sont pas arrêtés à ce stade. Ils ont également mis les grands moyens comme ceux précités. Cette politique s’est révélée efficace quant à l’économie de l’eau. L’irrigation au goutte-à-goutte ou encore les compteurs intelligents, ont aussi permis de cultiver le désert israélien (40% des légumes y proviennent) et de réduire les pertes en eau (taux inferieur à 10%).
Par ailleurs, le développement des ressources artificielles, à savoir le traitement des eaux usées ainsi que le dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres, est devenu indispensable pour couvrir les besoins de millions d’utilisateurs. Le système israélien d’assainissement en 2020 était composé de 120 stations d’épuration modernes et l’unité la plus importante étant celle de la région de Tel Aviv (125 M m3/an). Pas moins de 85% des eaux usées sont réutilisées pour les besoins agricoles et domestiques. Israël est ainsi, de très loin, le premier pays au monde pour cet indicateur. La sècheresse des années 2000 a incité le gouvernement à mettre en place un programme de dessalement de l’eau de mer à grande échelle.
Cinq usines de dessalement d’une capacité de production d’eau dessalée de 587 M m3, été construites le long de la côte méditerranéenne si bien que plus de 75% (contre 30% en 2010) de l’eau potable en provient. L’objectif d’Israël à l’horizon 2030 est de doubler la capacité de production d’eau dessalée et d’atteindre1,1 Md m3 à horizon 2030 à travers la construction de deux usines, qui devraient être opérationnelles à partir de 2023 et 2025 avec respectivement d’une capacité de 200 M m3, -l’une des plus grande au monde-, et de 100 à 200 M m3 pour l’autre. 39 usines de dessalement des eaux saumâtres sont également opérationnelles sur le territoire hébreu.
Le Royaume pourrait profiter de l’expertise israélienne dans la gestion de l’eau et plus largement de l’agriculture, deux domaines, auxquels au demeurant, les deux Etats se sont attelés à adhérer en ficelant déjà bien des accords dans l’attente d’autres.
Le 23/04/2023
Source web par : hespress
Les articles en relation
Photos: Trois jeunes canis dans lAnti Atlas
Photos: Trois jeunes canis dans l’Anti Atlas Ali Irizi a encore frappé. Cette fois il s’agit de trois louveteaux quelque part dans l’anti Atlas. Cette fois encore la photo ne manque pas de susciter questions et &
Savoir plus...Souss-Massa : Les barrages affichent un taux de remplissage de 13,7%
Souss-Massa : Les barrages affichent un taux de remplissage de 13,7% Les barrages situés dans la région de Souss-Massa enregistrent, au 13 mars, un taux de remplissage limité. Il se situe &agr
Savoir plus...La réapparition surprenante du lion de l’Atlas durant les années 70
Le lion de l’Atlas, symbole absolu de la monarchie marocaine et du Maroc, fait depuis quelques années, l’objet de plusieurs études en raison de son mystérieux parcours. Aujourd’hui, c’est l&r
Savoir plus...Qu'est-ce qu'une kasbah?
Qu'est-ce qu'une kasbah? Le mot "kasbah" ou "casbah" possède un sens très élargi. Dans chaque pays, et même dans chaque région, il est appliqué à une constru
Savoir plus...Stress hydrique au Maroc : Un Appel à l'Action et à l'Intégration"
Stress hydrique au Maroc : Un Appel à l'Action et à l'Intégration Nous voici confrontés au stress hydrique, une réalité prévisible depuis des années, mais à laque
Savoir plus...FAO: Pourquoi le cactus devrait être une "culture essentielle" au Maroc
FAO: Pourquoi le cactus devrait être une "culture essentielle" au Maroc Durant les périodes de sécheresse ou dans les zones arides, le cactus et la figue de Barbarie devraient constituer un atout pr&eacu
Savoir plus...Les 11 anoures du royaume
« L’ordre des anoures (Anura) forme un groupe diversifié et largement carnivore d’amphibiens sans queue composé notamment des grenouilles et des crapauds. Ces amphibiens pondent leurs œufs dans l
Savoir plus...Les sept couches de la terre
Quand les scientifiques ont commencé à explorer les profondeurs de la terre et à fournir les efforts pour connaître les secrets de sa structure et de sa composition, ils ont constaté que les mythes qui
Savoir plus...#MAROC_Stress_hydrique_à_Souss_Massa : quel plan B pour éviter le Day Zero ?
#MAROC_Stress_hydrique_à_Souss_Massa : quel plan B pour éviter le Day Zero ? Charafat Afailal, ancienne ministre déléguée chargée de l’Eau et experte en eau et climat, revient s
Savoir plus...Utilisation de « Daghmous »
Utilisation de « Daghmous » L’alerte du CAPM Le CAPM tire la sonnette d’alarme vis-à-vis de l’augmentation de l'utilisation du « Daghmous » au vu des risques que cela peut enge
Savoir plus...#MAROC_Stress_hydrique: la situation est de plus en plus critique dans la région Souss-Massa
#MAROC_Stress_hydrique: la situation est de plus en plus critique dans la région Souss-Massa Sur l’ensemble des 8 barrages alimentant la région, le taux de remplissage moyen ne dépasse guère les 12%
Savoir plus...#MAROC_GRAVURES_RUPESTRES
#MAROC_GRAVURES_RUPESTRES Le Sahara, et la région de l’anti-Atlas, cachent des trésors archéologiques non encore totalement répertoriés. Certains chercheurs font remonter leur existence &agrav
Savoir plus...