LE DRAGONNIER, UN ARBRE MYTHOLOGIQUE
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LE DRAGONNIER, UN ARBRE MYTHOLOGIQUE

Dans l’antiquité, les personnages de la mythologie grecque évoluaient, au gré de leur destin, d’un bout à l’autre du bassin méditerranéen. Plusieurs légendes ont ainsi pour berceau les terres marocaines. Aujourd’hui, Simone Benhassi, notre consultante en tourisme vous propose de découvrir le dragonnier, un arbre étonnant, rare mais encore présent en région Souss Massa, dont le nom s’inspire d’un des douze travaux d’Hercule qui consistait à rapporter les fruits d’or d’un pommier planté sur les pentes du Mont Atlas. Ladon, un dragon à cent têtes, chacune parlant dans une langue différente, avait la charge de garder l’entrée du Jardin des Hespérides où se trouvait le pommier. Selon la légende, le dragonnier serait né du sang répandu par Ladon quand il fut terrassé par Hercule…

LE SANG DU DRAGON LADON

Doublement évocateur, le nom scientifique du Dracaena draco entretient à lui seul le mythe de son origine légendaire. Dracaena, issu du grec drakaira, désigne le dragon femelle, tandis que draco est le nom latin du dragon. De fait, la base de ce nom d’origine fantastique vient des particularités troublantes de sa sève, une résine qui s’oxyde et sèche à l’air libre en prenant une teinte rouge sang. Cette couleur animale, inattendue chez le végétal, valut à la sève du dragonnier d’être créditée de pouvoirs mystérieux par les alchimistes. Utilisée comme matière médicale, elle était prisée et vendue au prix fort dans l’antiquité.

Baptisée « sang-dragon », cette résine était d’ailleurs considérée comme une panacée par les Guanches, premiers habitants des Îles Canaries. En effet, le dragonnier est une espèce endémique des îles Canaries, de Madère, des Açores et du Cap-Vert. Sur l’île de Tenerife, dans le jardin d’Icod de los Vinos, le vétéran des dragonniers regarde les visiteurs du haut de ses 20 mètres. Cet arbre vénérable aurait un âge estimé à plusieurs centaines d’années… Le dragonnier n’étant pas un arbre au vrai sens du terme, il ne fabrique pas de bois avec des cernes annuels, ce qui rend son âge difficile à définir. Cette plante arborescente, de la famille des Liliaceae (ou Dracaenaceae) selon la classification classique ou des Asparagaceae selon la classification phylogénétique, peut, une fois âgée, atteindre plus de 20m de hauteur, avec un large pied évasé portant un houppier touffu en forme de calotte sphérique d’une vingtaine de mètres de diamètre, soutenu par un réseau dense de branches entrelacées.

UNE RÉSINE AUX MILLE VERTUS

Au Maroc, les troncs étanches du dragonnier ont longtemps servi de ruchers. Outre son usage officinal, la résine était aussi utilisée au cours de l’embaumement des morts. Introduite en Europe, puis en Asie par des navigateurs vénitiens, elle fut également utilisée en médecine pour ses fonctions hémostatiques et cicatrisantes, en menuiserie et lutherie comme conservateur de bois et comme matière colorante dans la fabrication de teintes et vernis ainsi qu’en peintures rupestres. Au XIXe siècle, cette résine avait aussi la réputation de garder les dents et gencives saines.

À L’ÉTAT SAUVAGE DANS L’ANTI-ATLAS

Au Maroc, le dragonnier a été découvert dans l’Anti-Atlas en 1996 par F. Cuzin et A. Benabid, dans la région d’Anezi, sur les falaises du Jbel Imzi et du Jbel Adad Medni, à 1500m d’altitude, au milieu des gorges de la rivière appelée Assif Oumarhouz. Cet isolement explique peut-être la découverte tardive du dragonnier au Maroc et son appellation amazighe « Ajgal » qui signifie « ce qui est perché » ou « inaccessible ». Le dragonnier Ajgal ne fleurit pas avant l’âge de huit à onze ans et porte des fleurs blanches verdâtres qui se transforment ensuite en fruits ressemblant à de petites dattes rondes. En dessous de l’inflorescence apparaissent alors des ramifications qui caractérisent le houppier des arbres plus âgés.

L’ASSOCIATION DE PROTECTION AJGAL

C’est en raison des attraits du Dragonnier Ajgal et des actions anthropiques destructrices dont il fait l’objet aujourd’hui que des mesures de conservation ont été mises en œuvre. Conscients de sa rareté et de sa valeur, certains acteurs associatifs de la population locale ont ainsi fondé une association pour sa protection. Malgré ces efforts, il reste encore beaucoup à faire pour préserver cette espèce avant qu’il ne soit trop tard.

SUR LES HAUTEURS D’AJGAL IMZI

Pour découvrir le dragonnier de l’Anti-Atlas, il faut se rendre à Ajgal Imzi, petit village d’une vingtaine d’habitants en haut de la montagne. C’est un lieu resté hors du temps où des champs en terrasses marquent le paysage. En vous promenant dans ce village, vous pourrez y voir les fameux arbres, dont un très grand et très vieux dragonnier souvent photographié. Y poussent aussi quelques amandiers, caroubiers et arganiers, ainsi que des euphorbes et quelques figuiers de barbarie, et de nombreuses plantes aromatiques et médicinales comme le thym, la lavande…

À LA DÉCOUVERTE DES DRAGONNIERS

Pour découvrir cette plante à son état sauvage, il faut d’abord arriver à Agadir Ouguejgal ou Agjal Imzi au pied du Jbel Imzi. Situé à 22km d’Anezi, ce petit douar se laisse découvrir au terme d’une piste de 9km à partir d’Adaï. Les derniers 2km étant en mauvais état, un véhicule 4×4 est recommandé. Au village d’Agjal Imzi, une autre bonne piste continue vers Anemes, puis Azrou n’Aissi, pour sortir dans la commune Arbaa Ait Ahmed derrière le barrage Youssef Ibn Tachfine.

Un jeune natif du village, Lahoucine, aime partager sa passion des dragonniers avec les visiteurs. Il est guide de montagne et membre fondateur de l’Association Ajgal qui a pour but de protéger ce patrimoine environnemental. Lahoucine vous conseillera volontiers sur le trajet à emprunter ou pourra organiser, pour ceux qui ne disposent pas de 4×4, un transport local au départ d’Anezi avec un chauffeur qui connaît parfaitement les lieux. De même, il pourra programmer pour vous un accompagnateur pour vos randonnées. Voir les dragonniers à l’état sauvage, accrochés aux falaises, exige une marche de 3 à 4 heures sur un terrain accidenté et une ascension sur le haut plateau du Mont Imzi. Mais si vous supportez le vertige, vous profiterez d’une magnifique vue plongeante sur les falaises, la vallée et les gorges. La meilleure période pour visiter ce coin est d’Avril à Juin.

Guide de montagne : lahoucine.bouragrag@gmail.com – Tél.: 06 62 18 15 17

Youtube : film documentaire de l’émission Amoudou « A la recherche du dragonnier »

Photos : Marokko Erfahren. Plus d’infos sur www.marokko-erfahren.de

Simone Benhassi, Consultante en tourisme : simone.benhassi@gmail.com – Tél.: 06 67 49 22 02

Publier le 22 juin 2018          

Source web par : agadirpremiere

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