M'hamid El Ghizlane: Une oasis qui fête encore ses nomades (Géoparc Jbel Bani)
. A l’occasion du Festival des nomades. Objectif: promouvoir un nouveau produit touristique A 90 km au sud-est de Zagora et à quelques dunes seulement d’un immense désert menant aux frontières maroco-algériennes, se trouve la paisible oasis de M’hamid El Ghizlane (ou M’hamid des gazelles). Le village peuplé d’environ huit mille habitants marque certes la fin du goudron, mais ce dernier, rongé par le temps, ne permet plus le croisement, depuis Tamegroute, de deux véhicules. Et pourtant, la vie dans ce village continue son rythme depuis la nuit des temps. Déjà au XVI siècle, M’hamid fut le point de départ d’Ahmed El Mansour Addahbi, qui est parti avec ses guerriers, ses dromadaires et toute sa tribu à la conquête de Tombouctou. Son rôle fut primordial en tant que base arrière dans les aventures de cette dynastie aux tréfonds de l’Afrique subsaharienne. Située à 550 m d’altitude, M’hamid ne met pas uniquement fin au bitume, mais aussi à une composante naturelle, en l’occurrence la vallée du Draâ. C’est ici la dernière des oasis, le lieu où l’oued Draâ s’enfonce définitivement dans le sable. . Développement touristique Plusieurs chercheurs estiment que M’hamid remonte sans doute au temps où le Sahara n’était pas encore un désert. A quelques kilomètre loin vers le sud, il existe ces étendues désertiques et caillouteuses, alors qu’à 2 km du centre vers le nord, M’hamid Laqdim regorge encore de vie. Le château d’eau reste témoin historique d’une attaque sauvage des groupes du Polisario contre quelques Mokhaznis, des élèves et leur instituteur. Un acte abject. L’école a été aujourd’hui reconstruite et sa mission est de former les nouvelles générations. Des deux côtés du bitume, le désert règne en maître sur les lieux. Les premières dunes (Tinfou) sont visibles à 30 km de Zagora. Le silence est roi. Pas de klaxons ou de bruits caractéristiques d’une vie urbaine. Mais, la nature est vivante. Le vent déplace légèrement le sable. Les enfants interrompent leurs jeux pour suivre des yeux les visiteurs. Les vieillards, aux visages burinés par le temps, regardent impassibles ces groupes de touristes vêtus de shorts et tee-shirt et la tête couverte d’un chèche bleu nuit. Pour se protéger des vents sablés et de la morsure du soleil. Si la nature est rude, elle est néanmoins source de richesses. Et l’on peut s’en rendre compte bien avant d’arriver à l’oasis de M’hamid. En effet, des groupes de touristes se baladant à dos de dromadaires sont un spectacle désormais courant. Par ailleurs, de nombreuses casbahs abritent aujourd’hui des maisons d’hôtes, des auberges, parfois même des hôtels tout au long des dix derniers kilomètres de la route nationale 9. Mais, le problème qui se pose est celui de la réglementation du secteur. Les dunes de Chegaga sont un espace où se croisent quotidiennement touristes, chercheurs et aventuriers. Les bivouacs au cœur du désert pullulent. Des professionnels ont en revanche des craintes quant à l’avenir de cet espace désertique et saharien, se basant sur une idée de développement durable. «Le désert ne nous appartient pas. On ne peut l’exploiter comme bon nous semble. Il est donc impératif de le préserver de toute pollution», explique un jeune guide chamelier. Soucieuses de garder cette richesse patrimoniale, naturelle et culturelle, des personnes de la région se sont appliquées à consolider une initiative lancée il y a 5 ans: le festival international des nomades. Une manière pour elles de perpétuer d’abord la tradition, mais aussi de la valoriser pour en faire un prétexte à même de contribuer au développement local. «Nomades du monde» comme l’aime l’appeler les organisateurs est un rendez-vous qui érige ce village en un carrefour incontournable pour les amoureux de cette culture nomade. M’hamid veut ainsi retrouver son rôle d’antan. Mais autrement. Comme les visiteurs ont pu s’en rendre compte de l’édition 2008 qui s’est déroulée du 20 au 23 mars. Une édition dans la pure tradition nomade avec ses tentes, son folklore et ses musiques traditionnelles. Lors de la cérémonie d’ouverture, l’ambiance était bon enfant dans le bivouac installé à 4 km de M’hamid. A noter cette année la présence de l’ambassadeur de Croatie qui a apprécié les produits artisanaux de la région, exposés en quantité. La musique était également à l’honneur avec des troupes issues de tous les horizons. Parmi elles, Kertaoui et de sa troupe Rokba, le groupe brésilien Inacio Dito, le Mauritanien Shabe Jebrile et des formations locales commes les Bnet Aïchatta, Ahidouss et Gnaoua Storm. Leurs prestations ont permis d’oublier les «couacs» de l’organisation. D’ailleurs, de nombreux visiteurs estiment aujourd’hui qu’il faut confier ce volet à de vrais professionnels, comme pour les festivals d’Essaouira ou des musiques sacrées de Fès. De notre correspondant, Ali RACHIDI
Le 28/03/2008
Source web par : L'Economiste
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