Gravures rupestres au Maroc : « D’ici 10 ans, si on ne fait rien, ce patrimoine aura disparu »
Le professeur Hassan Aouraghe est en colère : il voit d’année en année le patrimoine paléonthologique marocain pillé, volé, vendu ou détruit. Dans le cadre du mois du patrimoine, le responsable du Musée universitaire d'archéologie et du patrimoine de l'université d'Oujda co-organise du 15 au 17 mai à la faculté de sciences d’Oujda un colloque pour réfléchir à une façon positive et efficace de le protéger. Il explique à Yabiladi que les gravures rupestres, symboles de ce patrimoine, risquent de disparaître d’ici 10 ans.
Yabiladi : Omar Louzi, militant amazigh, avait accusé des sympathisants islamistes d’avoir détruit les gravures préhistoriques de Yagou, près de Marrakech, à l’automne 2013. Selon vous, ces gravures ont-elles effectivement été abimées ? Peut on savoir qui l’a fait et dans quel but ?
Hassan Aouraghe : Cette affaire a été trop médiatisée à l'époque. Il s'est avéré que c'était plutôt une affaire politique. Les gravures et le patrimoine marocains sont sujets à des destructions par des mafieux et des chercheurs de trésors, des scientifiques... qui pourraient être aussi bien islamistes que catholiques ou bouddhistes.
A quelles dégradations doivent faire face l’ensemble des gravures rupestres du Maroc ?
Je me souviens d’une gravure rupestre qui date de 6000 à 4000 ans que des trafiquants -on pourrait les appeler des braconniers, car ils sont comme ceux qui abattent un éléphant pour un petit bout d’ivoire - avaient voulu emporter. Il l’avait détruite à coup de marteau et de burrin et comme ils n’ont pas réussi à emporter le morceau qu’ils avaient arraché, on l’a retrouvé un peu plus loin.
D’autres dégradations viennent des promeneurs qui veulent laisser un signe de leur passage sur ces pierres, un peu comme l’on tague un mur. Imaginez, que ces gravures ont été réalisées en plusieurs étapes ; les premières pendant le néolithique. Les hommes préhistoriques avaient le bon sens de réaliser leurs inscriptions à côté et pas par dessus celles qui existaient déjà. Les hommes préhistoriques étaient plus respectueux du patrimoine que nous, hommes modernes !
Sont-elles aujourd’hui réellement menacées de disparition ?
Certains ont eu la bêtise d’indiquer les coordonnées GPS exacts de certaines pierres, rien de mieux pour faciliter la vie des destructeurs du patrimoine ! On retrouve ces gravures dans tout le Maroc, notamment dans une sorte de couloir qui va jusqu’au sud du Maroc. Elles appartiennent à des civilisations préhistoriques et ont beaucoup de valeur. Lorsque je retourne à Figuig, je vois l’aggravation des dégradations, alors que c’est un véritable musée à ciel ouvert. D’ici 10 ans, si on ne fait rien, ce patrimoine aura disparu.
Comment le Maroc pourrait-il protéger ces gravures ?
A Tamanrasset, les Algériens ont mis en place un scanner spécial à l’aéroport international pour que les touristes arrêtent de partir avec des pièces du patrimoine. Personnellement, j’ai fait une petite conférence auprès des douaniers à Nador pour les sensibiliser au patrimoine. J’ai essayé de leur apprendre à faire la différence entre des pièces d’artisanat local et les objets anciens, les fossiles ... que les touristes et les trafiquants n’ont pas le droit de sortir du Maroc.
A l’Oukaïmeden, les autorités ont voulu protéger les gravures rupestres. Elles ont commencé par disposer des fils de fer barbelés mais c’était assez laid. Elles ont ensuite réussi à sensibiliser tous les habitants des alentours pour que tout le monde contribue à protéger et valoriser ces gravures. Aujourd’hui, chacun en est le gardien, c’est extraordinaire ! C’est une expérience qu’il faudrait reproduire ailleurs.
Source web par yabiladi
Les articles en relation
Le Territoire Soutenable du Géoparc Jbel Bani (TSGJB) : Un modèle de tourisme durable au Maroc
Le Territoire Soutenable du Géoparc Jbel Bani (TSGJB) : Un modèle de tourisme durable au Maroc Le Geoparc Jbel Bani, situe au sud du Maroc, représente une initiative remarquable en matière de tou
Savoir plus...
Aidez la Nasa à nommer cet étonnant astéroïde
Aidez la Nasa à nommer cet étonnant astéroïde Aux confins du Système solaire, à plus de 6,5 milliards de kilomètres de la Terre, l'énigmatique 2014 MU69 attend son surnom. La
Savoir plus...
LE CUMIN MAROCAIN
LE CUMIN MAROCAIN Originaire de l’Asie, le cumin (Cuminum cyminum) est une plante herbacée de la famille des Apiacées (Ombellifères). Les synonymes de cette épice sont nombreux et i
Savoir plus...
Du Dadès à la Vallée du Todra
Du Dadès à la Vallée du Todra La route nationale parcourt entre Boumalne Dadès et Tinghir un paysage absolument désertique qui change seulement en deux points : Imider et Timadrouine. À I
Savoir plus...
Les trois espèces de renards marocains
Au Maroc existe encore trois types de renards: le renard roux, le fennec et le renard famélique (de ruppell). Le renard roux (Vulpes vulpes) est une espèce cosmopolite, qui se rencontre dans l’ensemble du Pa
Savoir plus...
Un lionceau des cavernes retrouvé en Sibérie
Un lionceau des cavernes retrouvé en Sibérie Deux ans après la découverte de deux lionceaux des cavernes en Yakoutie, un nouveau spécimen de cette espèce disparue il y a plus de 10.000 ans a
Savoir plus...
Bouafen et Oued Tamzarar
L'oued Tamzarar Sur la piste d’Akka à la route d’Icht, dans l’oued Tamzarar, sur la falaises rive gauche, la majorité des gravures est située sur des parois verticales à partir d&rsqu
Savoir plus...
Ksar d'Aït-Ben-Haddou
Ksar d'Aït-Ben-Haddou Ensemble de bâtiments de terre entourés de murailles, le ksar est un type d'habitat traditionnel présaharien. Les maisons se regroupent à l'intérieur de ses mur
Savoir plus...
Jebel el Kest: A stunning day in the Moroccan Anti-Atlas
Jebel el Kest: A stunning day in the Moroccan Anti-Atlas The ascent of Jebel el Kest in Morocco’s Anti-Atlas is a stunning day in remote mountains – one of the very best hill days. Cicerone’s Publisher, Jonathan Wil
Savoir plus...
Une réplique rare de mosasaure marocain fait sensation dans un musée belge
Une réplique rare de mosasaure marocain fait sensation dans un musée belge Une réplique d’un squelette de mosasaure, un reptile marin ayant vécu durant le Crétacé supérieur, il y
Savoir plus...
Le corail semble s'habituer au réchauffement climatique, est-ce une bonne nouvelle ?
Le corail semble s'habituer au réchauffement climatique, est-ce une bonne nouvelle ? Les récifs de la Grande Barrière de corail, au nord-est de l'Australie, ont moins souffert en 2017 alors que l'eau
Savoir plus...
Empreintes de dinosaures : la plus longue piste de sauropode est en France!
Empreintes de dinosaures : la plus longue piste de sauropode est en France! En 2009, la découverte d'empreintes d'un dinosaure gigantesque, à Plagne, dans le massif du Jura, avait été annoncé
Savoir plus...Les tags en relation
Recherche du site
Recherche avancée / Spécifique
Géoparc et Recherche Scientifique
Le coins de l’étudiant
Blog Géoparc Jbel Bani
Dictionnaire scientifique
Plus de 123.000 mots scientifiques
Les publications
Géo parc Jbel Bani
Circuits & excursions touristiques
cartothéques
Photothéques
Publications & éditions
