


4 questions pour comprendre le retard des pluies au Maroc (et commencer à s'inquiéter)
CLIMAT - La pluie se fait prier. Des prières rogatoires sont même prévues ce vendredi dans tout le royaume pour faire venir la pluie... Qui ne devrait tout de même plus tarder, selon les prévisions météorologiques. Ce retard pluviométrique pourrait néanmoins avoir des conséquences néfastes sur la saison agricole, et donc sur toute l'économie du pays, dont le PIB repose à 14% sur l'agriculture. Explications avec Mohamed El Mehdi Saidi, professeur de climatologie et hydrologie à l'université Cadi Ayyad de Marrakech.
HuffPost Maroc: Ce retard des pluies est-il normal? A quoi est-il dû?
Mohamed El Mehdi Saidi: Le temps dépend de la répartition des hautes pressions et des basses pressions dans l'atmosphère. Si la région du Maroc, par exemple, est sous l'influence d'un anticyclone (qui correspond à des hautes pressions), celui-ci pousse généralement les perturbations plus loin. Dans cette situation, l'air a tendance à descendre du haut vers le bas, il se réchauffe. Si le Maroc veut avoir une condition d'humidité, donc de pluie, il faut que cet anticyclone - l'anticyclone des Açores - soit un peu affaibli, c'est-à-dire que la pression atmosphérique s'affaiblisse, pour qu'il s'éloigne et laisse la place à des basses pressions, habituellement centrées sur l'Europe. Pour le moment, on est sous l'emprise de cet anticyclone, il n'y a rien à faire. Il faut espérer qu'il s'affaiblisse dans les jours qui viennent et se déplace un peu vers le sud. Généralement, il s'éloigne vers la région tropicale et laisse la place aux dépressions de la zone tempérée pour qu'elles arrivent au Maroc.
Mais on arrive bientôt en hiver et il ne pleut toujours pas. Doit-on s'inquiéter?
On est presque à la fin du mois de novembre donc oui, c'est inquiétant. Surtout que le Maroc calque toujours son modèle et ses prévisions économiques sur la saison pluvieuse. Dans les années 60-70, il faut savoir que l'année pluvieuse commençait toujours en septembre. Cela s'est décalé jusqu'au mois d'octobre dans les années 80, et là on voit que ça se décale carrément jusqu'en décembre! Si la saison pluvieuse ne commence pas dans les jours qui viennent, c'est toute la saison agricole qui sera affectée, et toutes les prévisions économiques seront à revoir. Il ne s'agit donc pas juste de s'inquiéter, mais bien de s'alarmer.
Cela a-t-il un rapport avec le changement climatique?
C'est l'éternelle question, sujet de débat entre les scientifiques. Certains admettent que plus on charge l'air en gaz, plus on le réchauffe, et plus on accentue le contraste des pressions atmosphériques entre la zone sud-tropicale, c'est-à-dire la zone du Maroc (et plus largement de la Méditerranée), et la zone sud-polaire et les régions d'Islande. Cela nous met constamment sous l'emprise des hautes pressions. Ainsi, certaines régions, au lieu d'avoir une pluie régulière (par exemple de 600 mm par an), en auront beaucoup plus, et d'une façon plus intense. Et les régions méditerranéennes, comme au Maroc, au lieu d'avoir 300 ou 400 mm par an, verront cette quantité baisser à 250 mm, ce qui est peu par rapport à la normale. L'hydrosphère, c'est-à-dire l'eau atmosphérique, elle, est quasiment constante, mais c'est sa répartition qui va différer à cause du changement climatique. Elle va se répartir de façon inégale entre les zones de la terre. Et même de façon inégale dans le temps: cela va être intense par moments, et sec à d'autres moments.
Quelle est la solution?
Un seul mot: l'adaptation. Nous ne pouvons que nous adapter. Pour les émissions de gaz à effets de serre, ce sont des problèmes étatiques. Il faut que l'ONU impose des chartes aux pays. Ça, c'est à l'échelle internationale. Maintenant, à l'échelle des pays, il faut s'adapter par des actions d'économie et de préservation de l'eau. Sur le plan industriel et agricole, au lieu d'utiliser des millions de mètres cubent dans des modes d'irrigation qui gaspillent l'eau, par exemple, on peut opter pour la goutte à goutte qui permettra d'économiser beaucoup d'eau. Ce sont des solutions techniques auxquelles il faut penser, comme la réutilisation des eaux usées, le dessalement de l'eau de mer, etc. Au niveau individuel, les ménages utilisent par exemple 20 mètres cube d'eau chaque mois. S'ils économisent quelques mètres cubes par mois, cela permettra d'économiser pas mal d'eau. Ce sont des actions qu'il faut renforcer en espérant qu'elles donneront des résultats.
Source Web: huffpostmaghreb
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