Nous êtres humains, pouvons en une seule vie, être témoins du renouvellement des cycles de pas mal d’espèces. Nous faisons d’ailleurs partie des mammifères dont la moyenne d’âge est la plus élevée sur terre.
Dans la nature, la longévité des êtres vivants est très variable. Si la mouche domestique a une durée de vie de 19 jours en général, d’autres espèces qui appartiennent à d’autres ordres peuvent atteindre (et dépasser) l’âge impressionnant de mille ans.
Si certains arbres vivent aussi longtemps qu’un humain, d’autres peuvent se maintenir et vivre pendant plusieurs générations humaines jusqu’à devenir multi-centenaires !
Au Maroc, les arbres potentiellement multicentenaires (voire millénaires) sont plus nombreux qu’on pourrait s’en douter.
Cependant, la quasi totalité de ces espèces arborescentes ou arborées est menacée de toute sorte de fléaux qui détruisent les individus multicentenaires (abattages, incendies, parasites…) et/ou qui empêchent leur renouvellement et reproduction (surpâturage, érosion des sols, sécheresse, changement climatique, dégradation des terres et/ou désertification, disparition des insectes pollinisateurs etc..)
Ainsi, les arbres multicentenaires Marocains se font de moins en moins présents qu’avant, mais sont encore éparpillés ça et là, s’accrochant à la vie, et continuant à être des témoins silencieux de l’histoire.
Dans une perspective de vulgarisation, notre article vous propose une petite sélection (non exhaustive) de quelques uns de nos doyens des forêts.
L’Olivier et l’oléastre,
L’arbre millénaire méditerranéen par excellence, l’olivier peut dépasser 1000 ans. L’estimation de l’âge d’un olivier peut cependant s’avérer difficile et non fiable : l’olivier est un bois dur, dense, veiné et de croissance irrégulière, ce qui rend aléatoire l’individualisation et le comptage des cercles de croissance. À l’état naturel, lorsqu’un olivier vieillit, il produit des rejets appelés «souquets», à partir de sa souche, et, ainsi, ne meurt effectivement jamais de vieillesse. Le nouvel arbre qui le remplace n’est pas un autre olivier, mais un autre lui-même, une nouvelle expression du même génotype.
Oléastre
Le Genévrier thurifère,
Le genévrier thurifère présente des capacités remarquables de résistance aux environnements hostiles. Il ne craint ni la sécheresse, ni le froid, et se contente d’un sol médiocre, voire totalement absent. On voit des individus en pleine santé pousser dans des fissures de rochers, ou sur des versants totalement secs. Par ailleurs, il se régénère très facilement s’il est coupé, brisé par le vent, les troupeaux ou les chutes de pierre, ou encore foudroyé. Sa forte teneur en essences aromatiques semble le protéger efficacement des attaques des insectes, champignons et autres parasites, mais l’un de ses principaux parasites est le Megastigmusthuriferana. Son seul point faible est sa croissance extrêmement lente.
Genévrier thurifaire
Le Dragonnier
L’espèce a une longévité exceptionnelle. Il existait dans le jardin de la maison Franchie à La Orotava dans l’île de Ténériffe un dragonnier âgé de 5000 ans qui fut détruit par un ouragan en 1868. En 1996, une petite population endémique marocaine a été découverte dans l’Anti-Atlas occidental sur les jbels Imzi et Adad Medni, près d’Agadir (Dracaena dracossp‘Ajgal’) ; les sujets poussent sur les falaises des montagnes, dans les rochers, jusqu’à 1400 mètres d’altitude (Ajgal correspond à l’appellation locale
Dragonnier
Le Cèdre de l’Atlas
Il en existe plusieurs provenances (sous espèces) qui vivent dans les zones montagneuses entre une altitude de 1500 et 2500 m. Des carottages au col du Zad (Moyen Atlas) ont montré qu’il y a des cèdres vivants de 950 ans mais de taille inférieure à celle du cèdre Gouraud (qui fait partie des plus grand individus de cèdre Marocain et qui est mort à l’âge de 800 ans). L’architecture paysagère des montagnes du Rif, Moyen Atlas et Haut Atlas est en grande partie façonnée par les écosystèmes forestiers organisés par le cèdre de l’Atlas. Lorsqu’ils sont bien conservés, ces écosystèmes s’imposent dans le paysage par leur étendue, par la hauteur des arbres, leur beauté, et leur port majestueux, élancé dépassant dans certaines vallées les 65 m de hauteur. A l’inverse, les cédraies très dégradées et dépérissantes dans les zones à conditions écologiques marginales, offrent un paysage de grande désolation.
Cèdre de l’Atlas (Photo Ecologie.ma)
Le Cyprès de l’Atlas
Le cyprès du Maroc est une espèce rare, endémique du sud de Maroc, que l’on trouve dans la vallée de l’oued N’Fiss dans les montagnes du Haut Atlas marocain au sud de Marrakech dans l’ouest du Maroc. La majorité des individus sont vieux. C’est une essence longévive qui peut vivre jusqu’à 700 ans. Avec une hauteur de 25 à 40 m, un port pyramidal, et un feuillage pleureur et d’un très beau vert glauque, cet arbre façonne de magnifiques futaies, du moins là où elles sont encore relativement bien conservées.
Cyprès de l’Atlas ( Photo: Sara Gold)
Le sapin du Maroc
Endémique marocain, le sapin du Maroc (Abies maroccana) est un arbre majestueux qui organise de très beaux écosystèmes forestiers. Certains sapins atteignent jusqu’à 50 m de haut, d’autres peuvent présenter des troncs de 5 m de circonférence. Le sapin du Maroc est un arbre très exigeant en eau et paraît strictement lié aux substrats calcaires. Il est localisé dans les régions les plus arrosées du pays où les précipitations annuelles peuvent atteindre 2 000 mm en moyenne. Le sapin du Maroc peut vivre jusqu’à 500 ans.
Sapin du Maroc
Le Palmier nain,
C’est un palmier nain ne dépassant pas deux mètres, qui peut cependant atteindre six à huit mètres de haut en culture dans sa variété arborescens. Il se caractérise notamment par son tronc (stipe) drageonnant. Sa croissance lente favorise l’apparition de nombreux rejets à sa base à l’origine de son apparence en touffe. Au Maroc, on trouve dans les cimetières qui entourent les Koubas des spécimens à tronc développé, car échappant au broutage des troupeaux. Ces spécimens sont ainsi protégés de fait et peuvent se développer. Le palmier nain peut atteindre 400 ans d’âge.
Palmier nain
L’Arganier
Les arganiers sont des arbres épineux pour leur grande majorité, à troncs tortueux pouvant atteindre 8 à 10 m de haut, avec une longévité de 300 à 350 ans (Boudy, 1950). Une propension naturelle à rejeter de souche et à produire dans certaines situations des marcottes (Branche enterrée qui peut développer des racines puis se détacher de la plante pour devenir un organisme à part entière), voire de rares drageons (une plante se développant non pas à partir d’une graine mais par développement d’un méristème situé sur les racines à la base ou à une certaine distance d’un arbre ou d’un arbuste. C’est donc un rejet naissant sur racine), incitent à penser que certains génotypes ont pu se perpétuer depuis bien plus longtemps.
Arganier (ph: Ecologie.ma)
Le Thuya de Berbérie
Le thuya de Berbérie est endémique de la Méditerranée occidentale. Il est par excellence l’arbre du bioclimat semi-aride tempéré et chaud. Le thuya réagit par une régénération naturelle qui se produit aisément si les conditions écologiques le permettent, et il rejette vigoureusement de souche lorsqu’il est coupé. C’est le seul de nos conifères qui offre cette faculté de souche. Le thuya de Berbérie est une essence à croissance lente, 6 à 8 m à 60 ans, sa longévité très grande (400-500 ans).
Thuya de berbérie
Le pistachier de l’Atlas
Le pistachier de l’atlas possède un système racinaire très puissant, donc il peut être utilisé contre l’érosion et la lutte contre la désertification qui menacent constamment ces régions arides et sahariennes. Cet arbre peut atteindre des dimensions imposante (25 m de haut et 5 m de circonférence), certains auteurs laissent supposer que le pistacher de l’atlas peut vivre jusqu’à 1000 ans.
Pistacher de l’Atlas
Le caroubier
Le caroubier est un arbre mesurant de cinq à sept mètres de hauteur et pouvant atteindre exceptionnellement quinze mètres. Le tronc est gros et tordu, l’écorce brune et rugueuse. Sa longévité peut atteindre 500 ans. Le caroubier est cultivé dans les pays méditerranéens. Le Maroc est le deuxième pays producteur mondial de caroubes.
Caroubier (Ph: Rachel)
Les chênes
Si on le laisse vivre, le chêne dépasse facilement les 500 ans, et jusqu’à plus de 1000 ans et plus, exceptionnellement. Les chênes sont des arbres à bois dur. Au Maroc on peut trouver plusieurs espèces de chênes dont les individus sont parfois multicentenaires. Les chênes : vert, Zeen, Tauzin et liège :
Le chêne vert
Au Maroc, le chêne vert est la première essence forestière par sa surface (1.415.201 ha) et par sa production en bois de feu ainsi que par sa biomasse foliaire (ensemble des matières organiques constituée de feuilles d’arbres ou de toute autre plante.). Par ailleurs, ses rôles écologique et socio-économique sont partout très importants. Présent dans toutes les régions non arides du pays, il est qualifié de « ciment vivant qui relie les massifs forestiers ». C’est un arbre de 5 à 25 mètres de haut qui croît lentement et qui vit très longtemps (de 200 à 2 000 ans.)
Chêne vert (ph: Visoflora.com)
Le chêne Zeene
C’est un arbre qui peut atteindre plus de 30 m de hauteur et la circonférence de son tronc peut dépasser 6 m. Son écorce, de couleur gris-brun, est lisse les premières années puis se crevasse rapidement. Son feuillage se maintient souvent à l’état desséché jusqu’à l’apparition des nouvelles feuilles (on dit qu’il est marcescent). Il peut vivre plus de 200 ans. Au début, sa croissance est lente et il ne commence à fructifier que vers quinze ans. La fructification est annuelle.
Chêne Zeen (Ph: geocaching.com)
Le chêne Tauzin
Un arbre de 5 à 20 mètres de haut de forme irrégulière se ramifiant dès la base mais finissant par perdre ses branches les plus basses. Son écorce est lisse de couleur vert grisé puis gris sombre d’où son surnom de chêne noir. Sa longévité peut atteindre 500 ans. Il s’hybride facilement avec d’autres chênes.
Chêne Tauzin
Le chêne-liège
De petite taille, le chêne-liège ne dépasse que très rarement les 20 mètres. Il s’agit d’une espèce typiquement méditerranéenne. Cet arbre peut vivre 150 à 200 ans, voire 800 ans et atteindre 20 à 25 m de haut (le plus grand ayant atteint 43 m), ne dépasse généralement pas 12 à 15 m.
Chêne liège
N’oubliez pas d’ouvrir les yeux autour de vous, et de considérer à leurs juste valeur, ces êtres vivants magnifiques. Un arbre centenaire porte une symbolique très forte, et surtout, témoigne de la fragilité de la vie: il peut être abattu en quelques seconde, a souvent beaucoup d’exigences pour survivre lors de ses premières années, mais peut transcender les ages s’il a la chance d’être épargné…
Ecologie.ma tient à remercier toutes les bonnes volontés qui ont contribué à cet article de vulgarisation, que ce soit pas leurs conseils, suggestions ou implication dans la rédaction.
Source web par ecologie
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