


Boujloud, un rite en mal de valorisation (Géoparc Jbel Bani)
Le culte du bélier anime, durant la période de l’Aïd el Kébir, les quartiers du Souss où des personnes se déguisent avec les peaux de moutons et de chèvres alors que les visages sont teints en noir. Des pratiques similaires à celle de Boujloud existent aussi dans d’autres régions européennes.
Il n’y a pas de fête du mouton sans le rite de «Boujloud» (l’homme à la peau) dans les localités du Souss. Traditionnellement lié à l’Aïd el Kébir, le culte du bélier anime durant cette période les quartiers de cette région où des personnes se déguisent avec les peaux de moutons et de chèvres et des pattes collées aux mains, leurs visages teints en noir, allusion faite au ciel nuageux et l’abondance de pluie. Cette tradition célébrée l’après-midi de l’Aïd est couramment accompagnée d’autres pratiques carnavalesques sous forme de déguisements burlesques. Toutefois, c’est le personnage de Boujloud qui incarne davantage l’aspect historique de ce rite préislamique qui est toujours précédé par la collecte des peaux pour la préparation des combinaisons humanoïdes alors que les fêtes sont généralement organisées sur les grandes places des localités de la région baptisées «Assayss».
Appelé selon les différentes régions du Maroc : «Bilmawen», «Boulbtayn», «Bouhidour», «Herma» ou encore «Bashikh» et bien d’autres appelations, ce rite a été préservé dans la région du Souss, le Haut-Atlas et l’Anti-Atlas. Et selon plusieurs historiens, ce culte païen est un rite antique qui n’est pas la propriété d’un peuple ou d’une région précise puisque les Grecs et les romains avaient déjà dans leurs mythologies des Dieux pastoraux tels que Pan et Lupercus, qui sont des divinités de la fertilité, protecteurs des bergers, des troupeaux et de la nature. Le constat est le même pour les Amazighs qui disposaient de divinités semblables comme Ammon et Yakouch. Et en dehors du Maroc, des pratiques similaires existent aussi aux îles Canaries où la tradition des Carneros de Tigaday fête cette pratique durant le mois de février à El Hierro, l’une des principales îles de l’archipel canarien où la culture amazighe est encore enracinée grâce aux Guanches. De surcroît, dans l’île de Sardaigne, particulièrement la commune de Mamoiada se déroule annuellement la tradition des Mamuthones et Issohadores revêtus de peaux de moutons et masques sur les visages alors que d’autres traditions sont commémorées aussi en Allemagne et en Autriche à travers les parades de Krampus vêtus de fourrures de moutons et de chèvres.
Par ailleurs, le rite de Boujloud est confronté actuellement à plusieurs difficultés, notamment sa valorisation à travers son classement au patrimoine culturel mais aussi à sa sauvegarde quant à ses différentes déformations (modification des combinaisons, utilisation de chambres à air et de tuyaux à la place des pattes et disparition de la teinte noire appelé Ikoulyan en amazigh) en plus de l’encadrement de cette pratique qui enregistre à l’instar d’autres activités festives des dépassements tels que les agressions, l’usage de drogues et le harcèlement. Il va sans dire que pendant les années 2007, 2008 et 2009, le CRT d’Agadir Souss-Massa organisait sur le boulevard du 20 août «le Carnaval d’Agadir» le 27 septembre pour commémorer la journée mondiale du tourisme avec la participation des associations issues des quartiers populaires qui organisent ce rite. «Tous les hôtels jouaient le jeu et ont participé chacun avec leurs chars décorés», se rappelle Asmaa Oubou, directrice du CRT d’Agadir.
Toutefois, ce carnaval qui nécessitait plus d’1 MDH a été suspendu faute de moyens et l’implication d’autres acteurs. Aujourd’hui, les associations, à elle seules, ne peuvent pas assurer la continuité de ce rite puisque sa sauvegarde doit être mieux valorisée par des institutions publiques avec l’aide de la société civile. «Le rite de Boujloud offre toutes les caractéristiques d’un produit d’animation touristique, néanmoins il faut structurer cette pratique et assister les associations qui contribuent à la sauvegarde de ce culte», ajoute Asmaa Oubou. Pour rappel, le Carnaval Bilmawn Bodmawn a été initié il y a quelques années, mais cette initiative sous forme de grand défilé a été suspendue depuis deux années faute de moyens financiers et d’entente entre les différentes parties prenantes.
Le 28/08/2018
Source web par : leseco
Les articles en relation

Plaidoyer pour la préservation du patrimoine matériel et immatériel des cultures amazighe et hassanie
Plaidoyer pour la préservation du patrimoine matériel et immatériel des cultures amazighe et hassanie Fès - Les participants à la 10ème édition du festival de la culture amazighe, init
Savoir plus...
LA DANSE AHWACH DE TISSINT
LA DANSE AHWACH DE TISSINT Ahwach Tissint, un duel poétique, un rituel de mariage Vaste territoire, la Région Souss Massa réunit une grande diversité de cultures et un patrimoine immatériel impor
Savoir plus...
Diapo. D'où vient "Boujloud", cette fête populaire menacée de disparition? (Géoparc Jbel Bani)
Diapo. D'où vient "Boujloud", cette fête populaire menacée de disparition? (Géoparc Jbel Bani) Si vous étiez à Agadir ou dans le Haut atlas le jour suivant l’Aid, vous avez
Savoir plus...
Vallée de Tafraout (vidéo) (Géoparc Jbel Bani)
Vallée de Tafraout (vidéo) (Géoparc Jbel Bani) Tafraout signifie « qui se cache entre les montagnes ». Et quelles montagnes, cette chaîne de l’Anti-Atlas ! Il désigne par extens
Savoir plus...
Guelmim vit au rythme du Festival « Ahazij Oued-Noon » (Géoparc Jbel bani)
Guelmim vit au rythme du Festival « Ahazij Oued-Noon » (Géoparc Jbel bani) La ville de Guelmim vit, depuis vendredi, au rythme de la troisième édition du Festival « Ahazij Oued Noun », un
Savoir plus...
Bilmawen : entre tradition ancestrale et polémique religieuse, un débat sur l’identité culturelle marocaine
Bilmawen : entre tradition ancestrale et polémique religieuse, un débat sur l’identité culturelle marocaine La fête de Bilmawen, également appelée Boujloud, est une tradition sécu
Savoir plus...
Site archéologique de Volubilis
Site archéologique de Volubilis La capitale de la Maurétanie, fondée au IIIe siècle av. J.-C., fut un avant-poste important de l'Empire romain et a été ornée de nombreux beaux monu
Savoir plus...
Témoins du savoir-faire et de la richesse de la culture amazighe : Les igoudar, ces greniers-citadelles à l’abandon (Géoparc Jbel Bani)
Témoins du savoir-faire et de la richesse de la culture amazighe : Les igoudar, ces greniers-citadelles à l’abandon (Géoparc Jbel Bani) Un rite spécial doit être observé une fois sur pla
Savoir plus...
Circuits écotouristiques : Un safari pour découvrir la faune et la flore du parc du Souss-Massa (Géoparc Jbel Bani)
Circuits écotouristiques : Un safari pour découvrir la faune et la flore du parc du Souss-Massa (Géoparc Jbel Bani) Ce projet s’étale sur une superficie de 30 ha avec un circuit pédestre am&ea
Savoir plus...
L'architecture vernaculaire
L'architecture vernaculaire Le Maroc dispose d'une grande variété de styles d'architectures traditionnelles locales. Toutefois, l'architecture de terre reste l'une des spécificités les
Savoir plus...Les tags en relation
Recherche du site
Recherche avancée / SpécifiqueCulture et histoire
Culture et histoire Caractéristiques culturelles et historiques de TSGJB – AMDGJB
Géoparc et Recherche Scientifique
Le coins de l’étudiant



Blog Géoparc Jbel Bani
Dictionnaire scientifique
Plus de 123.000 mots scientifiques
Les publications
Géo parc Jbel Bani

Circuits & excursions touristiques

cartothéques


Photothéques
Publications & éditions

